Le ministère des Armées disposera d’un satellite de communications UHF… sans débourser un centime

Alors que le SOFINS, le salon dédié aux forces spéciales, vient d’ouvrir ses portes au camp de Souge [Gironde], où est installé le 13 Régiment de Dragons Parachutistes [RDP], le ministère des Armées a annoncé qu’il venait de nouer un « partenariat de confiance » avec Airbus Defence & Space afin de disposer d’un satellite pour les communications en bande UHF [Ultra High Frequency] sans bourse délier.

Dans les deux ans à venir, il est question de mettre sur orbite les satellites de communications militaires Syracuse 4A et 4B, lesquels permettront un important saut capacitaire dans la mesure où ils offiront un débit en bande X et en bande ka de l’ordre de 3 à 6 Gb/s, tout en présentant une meilleure protection face à diverses menaces [brouillage, cyberattaque, impulsions électromagnétiques, etc].

Cependant, pour leurs communications en bande UHF, les forces françaises doivent louer les services d’opérateurs étrangers de satellites. Or, les fréquences UHF sont très prisées, en particulier par les forces spéciales, dans la mesure où elles permettent d’utiliser des moyens de communications légers, robustes et sécurisés. La capacité UHF SATCOM est « très recherchée par les armées modernes pour leur interopérabilité en environnement interallié », complète par ailleurs le ministère des Armées.

Concrètement, l’accord que ce dernier vient de nouer avec Airbus Defence & Space, via sa Direction générale du numérique [DGNum], consistera à installer une charge utile F-UHF sur le satellite de télécommunication géostationnaire multimissions de nouvelle génération Eutelsat E36D, basé sur la plateforme Eurostar Neo. Celle-ci « combine une capacité de charge utile accrue et des systèmes de contrôle thermique et d’alimentation plus efficaces ».

Ce satellite doit être en mis en orbite en 2024 et, avec sa charge UHF, il permettra « d’établir jusqu’à 200 communications simultanées sur l’Europe, le Moyen-Orient, l’Afrique, une large partie de l’Asie ainsi que sur les océans Atlantique jusqu’à l’est du Brésil et Indien jusqu’à l’ouest de l’Australie ».

« Le projet industriel ‘F-UHF’ repose sur une mise à disposition […] de fréquences militaires, sous la forme d’une Autorisation d’occupation privative [AOP] du spectre public permettant de construire une capacité SATCOM, en contrepartie d’un accès à cette capacité opérationnelle » dont disposeront les forces françaises durant la vie du satellite », explique le ministère des Armées. Et de préciser : « Ce modèle innovant de coopération permet ainsi à la France de contribuer à son statut de nation cadre, sans investissement financier de sa part ».

En clair, en échange de l’utilisation de cette capacité pour ses besoins, le ministère des Armées mettra à la disposition d’Airbus une partie de ses 18 canaux UHF au profit d’autres forces partenaires.

« L’UHF étant une bande de fréquences particulière et une ressource spatiale relativement rare, cette offre permettra de pallier la pénurie de ce type de capacité dans le monde », souligne Airbus, précisant avoir « déjà signé des premières prises de commandes fermes sur ces capacités ».

Outre cette contrepartie, et au regard de l’intérêt qu’il « représente » pour les forces françaises et alliées, le ministère des Armées s’est engagé à ce que ce satellite fasse « l’objet d’une surveillance particulière par le Commandement de l’Espace [CdE] ».

Photo : Satellite EUTELSAT E36D © Airbus Defence & Space

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