Les Philippines envisagent l’achat de 12 F-16 Viper et de missiles anti-navires AGM-84 Harpoon

Depuis qu’il est à la tête des Philippines, le président Rodrigo Duterte a régulièrement remis en question les relations militaires entre son pays et les États-Unis, dont le cadre a été fixé en 1951 avec la signature d’un traité de défense mutuelle. Pour autant, et même si, au début de son mandat, il a amorcé un rapprochement avec la Chine et la Russie, il s’est jusqu’à présent gardé de franchir le rubicon…

Ainsi, et alors que ses relations avec le président Obama étaient exécrables, M. Duterte fit part de son intention de mettre un terme à la présence de conseillers militaires américains auprès des forces philippines. Seulement, l’offensive de groupes jihadistes sur l’île de Mindanao et l’occupation, par ces derniers, de la ville de Marawi, l’obligèrent à revoir ses intentions… et à accepter l’aide militaire proposée par les États-Unis [alors dirigés par Donald Trump, ndlr] et l’Australie.

Par ailleurs, les différents territoriaux entre Manille et Pékin au sujet d’îles situées en mer de Chine méridionale obligent également M. Duterte à mettre un peu d’eau dans son vin. En février 2020, suite à un imbroglio diplomatique, il avait ainsi décidé de mettre fin au « Visiting Forces Agreement » [VFA, accord sur les forces étrangères] qui, signé en 1998, offrait un cadre légal à la présence de militaires américains sur le territoire philippin tout en permettant l’organisation de manoeuvres conjointes. Seulement, cette décision a depuis été suspendue.

Dans le même temps, Pékin a accentué sa pression sur les possessions philippines en mer de Chine méridionale, comme encore récemment sur le récif de Whitsun Reef [ou Julian Felipe], où 200 bateaux de la milice maritime chinoise ont été repérés en mars dernier. Dernièrement, la Chine a également dénoncé le projet de Manille d’installer une base logistique sur l’île de Pag-asa au motif que cette dernière fait partie de l’archipel Spratleys sur lequel elle revendique sa souveraineté.

Dans ces conditions, les Philippines peuvent difficilement se passer de l’aide militaire américaine. D’autant plus que l’administration Biden, comme l’avait fait celle de M. Trump, a réaffirmé qu’une « attaque armée contre les forces militaires, les navires ou les avions des Philippines dans le Pacifique, y compris en mer de Chine méridionale, déclenchera nos obligations aux termes du traité américano-philippin de défense mutuelle. »

Cela étant, les capacités des forces philippines sont limitées. Dans le domaine aérien, elles ne disposent que d’une douzaine de chasseurs légers T-50 Golden Eagle [de conception sud-coréenne, ndlr] et d’une poignée d’avions anti-guérilla OV-10 Bronco, lesquels doivent être bientôt remplacés par des turbo-propulseurs A-29 Super Tucano. Ce qui insuffisant pour surveiller et protéger un territoire étendu.

En décembre 2019, le ministre philippin de la Défense, Delfin Lorenzana, avait indiqué que Manille envisageait l’achat d’avions de combat et que deux modèles étaient en lice, dont le F-16 Block 70/72 Viper de l’américain Lockheed-Martin et le JAS-39 Gripen du suédois Saab. L’enveloppe pour cet investissement devait alors s’élever à 1 milliard de dollars.

Un an et demi plus tard, la Defense Security Coopération Agency [DSCA], l’agence qui s’occupe des exportations d’équipements militaires américains dans le cadre du dispositif dit des « Foreign Military Sales », a recommandé au Congrès d’autoriser la commande éventuelle par les Philippines de 12 F-16C/D Block 70/72 Viper, pour un montant estimé à 2,43 milliards de dollars.

Cette possible vente « soutiendra la politique étrangère et la sécurité nationale des États-Unis en contribuant à améliorer la sécurité d’un partenaire stratégique qui continue d’être une force importante pour la stabilité politique, la paix et le progrès économique en Asie du Sud-Est », justifie la DSCA. Et d’ajouter : Elle « améliorera la capacité des Philippines à faire face aux menaces actuelles et futures en leur permettant de déployer des avions de combat avec des munitions de précision à l’appui d’opérations antiterroristes dans le sud » de l’archipel, « augmentant ainsi l’efficacité et minimisant les dommages collatéraux »

« Les Philippines sont déterminées à moderniser leurs forces militaires et n’auront aucune difficulté à intégrer cet avion et ces services dans leurs forces armées », assure encore la DSCA, qui ne dont pas un mot, dans son avis, sur les défis maritimes que doit relever Manille.

 

Et pour cause, dans un second avis publié le même jour, l’agence américaine autorise également la vente de 12 missiles anti-navires AGM-84-L-1 Harpoon Block II aux Philippines. Missiles qui peuvent être tirés par… un F-16 Viper.

Pour la DSCA, une telle vente, dont le montant est évalué à 120 millions de dollars, « améliorera l’interopérabilité des Philippines avec les États-Unis et d’autres pays alliés, ce qui en fera un partenaire plus précieux dans une région du monde de plus en plus importante » tout en permettant aux forces aériennes philippines « d’utiliser un système hautement fiable et efficace pour contrer ou dissuader les agressions maritimes, les blocus côtiers et les assauts amphibies. »

Enfin, un dernier avis publié par la DSCA parle de vendre aux Philippines 24 missiles air-air AIM-9X Sidewinder Block II pour environ 42 millions de dollars.

Reste à voir quel sera le choix final de Manille, le JAS-39 Gripen n’ayant pas été définitivement écarté à ce jour. Pour rappel, l’appareil suédois est en mesure d’emporter des missiles anti-navire RBS-15 Mk.III, qui peuvent aussi être utilisés contre des cibles terrestres.

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