La Russie a envoyé en Syrie deux MiG-31K pouvant emporter le missile hypersonique Kinjal
Pour les forces russes, l’engagement en Syrie est aussi l’occasion d’éprouver leurs nouvelles armes en situation opérationnelle. Ainsi, par exemple, elles y ont déployé des robots Uran-9, des bombardiers tactiques Su-34 « Fullback », qui y ont connu leur baptême du feu, ainsi que, en février 2018 et pour une courte période, deux prototypes du Su-57 « Felon ».
Et, à cette liste, il faut désormais y ajouter le MiG-31K. Si la conception de cet appareil est ancienne, ce n’est pas le cas de l’arme qu’il met en oeuvre, en l’occurrence le missile hypersonique Kinjal, lequel fait partie des six « armes stratégiques » dévoilées par le président russe, Vladimir Poutine, en mars 2018.
En effet, ce 25 juin, le ministère russe de la Défense a fait savoir que, dans le cadre d’un exercice organisé en Méditerranée orientale par les forces aériennes et navales, deux MiG-31K « ayant la capacité d’utiliser les derniers missiles hypersoniques Kinjal » ont décollé de Russie pour se poser sur la base de Hmeimim, en Syrie.
Cédée par Damas à Moscou, cette dernière a fait l’objet d’importants travaux qui, lancés en juillet 2020, ont consisté à allonger sa piste principale et à rénover son revêtement. Désormais, elle est en mesure d’accueillir des bombardiers stratégiques, comme cela a été recemment le cas avec trois Tu-22M3 « Backfire », ainsi que, désormais, des MiG-31K pouvant être dotés du missile Kinjal.
Actuellement, le MiG-31K équiperait deux unités de l’aviation navale russe, l’une étant basée à Monchegorsk [Flotte du Nord], l’autre à Yelizovo [Flotte du Pacifique].
Cela étant, l’annonce du ministère russe de la Défense coïncide avec la présence, en Méditerranée orientale, du groupe aéronaval britannique [Carrier Strike Group 21] qui, formé autour du porte-avions HMS Queen Elizabeth, vient de rejoindre la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.
Or, dérivé du système Iskanker, le missile Kinjal a précisément été développé pour redonner à l’aviation navale russe une capacité de frappe anti-navire à longue distance qu’elle avait perdue avec le transfert de ses Tu-22M3 aux forces aérospatiales. En clair, l’envoi de MiG-31K en Syrie peut être vu comme un message adressé à la Royal Navy. Voire à l’US Navy et à la Marine nationale, qui déploient régulièrement des navires en Méditerranée orientale.
Selon les informations disponibles, cet engin, susceptible d’emporter une charge conventionnelle ou nucléaire, aurait une portée de 2’000 km. Pouvant atteindre la vitesse de Mach 10, il disposerait d’un guidage par radar pour atteindre les cibles mobiles [comme un navire]. Une telle arme est difficilement détectable dans la mesure où le nuage de plasma généré par les fortes températures qu’elle produit absorbe les ondes radars. Du moins en grande partie.