L’Estonie et la Lituanie dénoncent la violation de leur espace aérien par des avions militaires russes

Alors que se déroulent actuellement l’exercice Baltops 2021, organisé par l’Otan dans la région de la Baltique, le ministère russe de la Défense a fait savoir que deux bombardiers stratégiques Tu-160 « Blackjack », accompagnés par quatre avions de combat [deux Su-35S et deux Su-27, ndlr], ont effectué un vol d’entraînement dans le même secteur, le 15 juin.

Les deux Tu-160 ont ainsi décollé de la base Engels-2, située dans l’oblast de Saratov [sud-est de la Russie], pour rejoindre la Baltique en passant par Moscou et Saint-Petersbourg. Puis ils ont évolué au large de Tallinn [Estonie] et de Helsinki [Finlande] et longé l’île suédoise de Götland, avant de faire demi-tour à la hauteur de l’enclave russe de Kaliningrad.

Durant certaines parties de leurs parcours au-dessus de la mer Baltique, les deux bombardiers et leur escorte ont été interceptés et accompagnés par des F-16 danois, des F-35A italiens basés à Amari [Estonie] dans le cadre de la mission de l’Otan Baltic Air Policing, et des JAS-39 Gripen suédois. Le ministère russe de la Défense en a publié des images, tout en soulignant que cette mission a été menée « en stricte conformité avec les règles internationales d’utilisation de l’espace aérien. »

Cependant, le même jour, leur transpondeur éteint, deux Su-35 russes seraient entrés dans l’espace aérien de l’Estonie, au niveau de l’île de Hiiumaa. C’est ce qu’affirme en effet Tallinn, qui précise par ailleurs qu’il n’a pas été possible d’établir une communication radio entre ces deux avions et le service estonien de la circulation estonien.

Il s’agit de « la quatrième violation de l’espace aérien de l’Estonie par des avions de la Fédération de Russie cette année », a souligné le ministère estonien de la Défense. Une note de protestation a été remise à la diplomatie russe.

Il n’est pas clair, à ce stade, si les Su-35 impliqués dans cet incident faisait partie ou non de l’escorte des deux bombardiers Tu-160 « Blackjack ». En outre, rien n’a été dit au sujet d’une éventuelle intervention des F-35A italiens basés à Amari après que la violation de l’espace aérien estonien a été constatée.

En tout, Moscou a rapidement réagi aux affirmations de Tallinn en assurant que des avions avaient « effectué un vol de routine au-dessus des eaux internationales de la mer Baltique », sans jamais « dévier de leur route », ce qui serait « confirmé par les données de la situation aérienne ».

Cela étant, également dans la matinée du 15 juin, deux bombardiers tactiques Su-24 russes auraient violé l’espace aérien de la Lituanie, où sont déployés des Eurofighter espagnols dans le cadre de la mission Baltic Air Policing.

Le ministre lituanien de la Défense, Arvydas Anusauskas, a lié cette brève intrusion [elle aura duré moins d’une minute, ndlr] avec les actuelles manoeuvres menées par l’Otan en mer Baltique. « Parfois, la Russie prend prétexte d’exercices [de l’Otan] pour mener des actions agressive », a-t-il dit.

Là aussi, cet incident a donné lieu à la remise d’une note de protestation à la diplomatie russe, Vilnius exigeant des explications de la part de Moscou ainsi que des mesures pour qu’une telle intrusion ne se reproduise pas à l’avenir.

Ces deux incidents sont survenus au lendemain du dernier sommet de l’Otan, organisé à Bruxelles. Le communique publié à l’issue de ce dernier a insisté sur les activités militaires de la Russie aux frontières des pays membres de l’Alliance.

« Le renforcement multidomaine, par la Russie, de son dispositif militaire, sa posture plus affirmée, ses capacités militaires innovantes, et ses activités provocatrices, notamment à proximité des frontières de l’Otan, ainsi que ses exercices d’alerte de grande envergure organisés sans préavis, la poursuite du renforcement de son dispositif militaire en Crimée, le déploiement à Kaliningrad de missiles modernes à double capacité, l’intégration militaire avec le Bélarus, et les violations répétées de l’espace aérien de pays membres de l’Otan constituent une menace grandissante pour la sécurité de la zone euro-atlantique et contribuent à l’instabilité le long des frontières de l’Otan et au-delà », est-il en effet affirmé dans ce texte.

À noter que, le 11 jui, soit avant la tenue de ce sommet, le Danemark avait aussi dénoncé deux violations de son espace aérien par des avions Su-30 russes, à quelques minutes d’intervalle, au niveau de l’île de Christiansø.

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