Entre les équipements 5G du groupe chinois Huawei et le F-35A, les Émirats arabes unis devront choisir

En juillet 2020, le gouvernement britannique décidait finalement d’exclure l’équipementier chinois Huawei du futur réseau de télécommunications 5G, après un bras de fer avec l’administration Trump, laquelle avait menacé de ne pas déployer d’avions de combat F-35 au Royaume-Uni.

« Huawei et d’autres entreprises technologiques chinoises soutenues par l’État sont des chevaux de Troie pour le renseignement chinois », ne cessait alors de répéter Mike Pompeo, alors chef de la diplomatie américaine.

Fondé par un ancien officier de l’Armée populaire de libération [APL], le groupe Huawei est en effet accusé d’entretenir des liens étroits avec le renseignement chinois. D’où les manoeuvres américaines pour l’exclure des réseaux 5G des membres de l’Otan… Mais pas seulement.

En effet, selon l’agence Bloomberg, les États-Unis ont a demandé aux Émirats arabes unis de retirer l’ensemble des équipements fournis par Huawei de leur réseau 5G d’ici les quatre prochaines années en échange de la livraison de 50 F-35A et de 18 drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9B SeaGuardian.

Pour rappel, durant les dernières semaines de la présidence de M. Trump, les Émirats arabes unis avaient signé plusieurs contrats d’armement, pour un total de 23 milliards de dollars. Ce qui avait donné lieu à de vives critiques au Congrès, où deux motions visant à les empêcher furent débattues.

Parmi les arguments avancés par les opposants à ces ventes d’armes, il y avait le risque de donner un accès aux technologies du F-35 et du MQ-9B à la Chine et à la Russie, deux pays cultivant une certaine proximité avec les Émirats. Cependant, aucune de ces résolutions ne fut adoptée. Toutefois, l’une des première décision de l’administration Biden fut de suspendre ces contrats à des fins d’examen.

Jusqu’à présent, la présence de Huawei dans le réseau 5G émirati n’avait pas posé de problème – du moins officiellement – alors que le groupe chinois avait été retenu par l’opérateur Etisalat en 2019. En effet, la question aurait pu être soulevée bien avant les projets d’acquition des Émirats.

En effet, l’US Air Force dispose de deux bases aériennes dans ce pays [celles d’Al Minhad et d’al-Dhafra, par ailleurs utilisée par l’armée de l’Air & de l’Espace, ndlr]. Et des F-35A y furent déployés pour la première fois en avril 2019. En outre, la base navale de Fujairah sert de point d’appui à l’US Navy.

Cela étant, l’administration Biden a bien l’intention de se servir de la vente de F-35A et de MQ-9B pour écarter Huawei des réseaux télécoms émiratis.

« Bien que les réseaux de communication de l’avion [F-35] soient considérés comme relativement à l’abri des écoutes chinoises, la présence de Huawei dans les réseaux [émiratis] pourraient potentiellement permettre à la Chine d’espionner les pilotes et les sous-traitants […] dans les bases où le F-35 serait déployé », écrit Bloomberg.

Seulement, les dirigeants émiratis estiment qu’il faudrait plus de temps pour trouver une alternative à Huawei. Et, toujours d’après l’agence de presse, ils ont « clairement exprimé leur mécontentement à l’égard de la démande » de Washington. Et les « divergences sont suffisamment sérieuses pour qu’il n’y ait toujours pas de garantie » sur la livraison de F-35A aux Émirats.

Cela étant, l’offre en matière d’avions de 5e génération est plutôt réduite… Le J-20 chinois n’est a priori pas « exportable ». Reste le Su-57 « Felon » russe et le F-35A américain. Cette pression de Washington concernant Huaweï pourrait donc bénéficier au premier. À moins que les Émirats révisent leurs plans pour opter pour un appareil de génération 4,5, comme le Rafale.

« Le Moyen-Orient au sens large est une zone de compétition intense entre les grandes puissances. Et je pense qu’au fur et à mesure que nous y ajusterons notre position, la Russie et la Chine regarderont de très près si elles peuvent exploiter un vide » que nous pourrions laisser, a récemment commenté le général McKenzie, le patron de l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale.

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