L’armée de Terre va créer la section « Vulcain », une unité dédiée aux « robots aéroterrestres »

La place que prendront les robots dans les opérations terrestres sera assurément de plus en plus importante dans les années à venir. Au Royaume-Uni, la British Army a déjà annoncé la couleur : confrontée à une baisse continue de ses effectifs – elle devrait compter 72.500 engagés d’ici 2025, contre 82.000 actuellement – elle mise sur la robotisation pour compenser les effets de cette déflation. D’où, d’ailleurs, les expérimentations qu’elle mène actuellement dans le cadre du programme Spiral.

La British Army n’est évidemment pas la seule à s’être engagée dans cette voie. Aux États-Unis, l’US Marine Corps [USMC] s’est intéressé très tôt aux possibilités offertes par les « robots mules », avec des expérimentations qui n’ont cependant pas toujours été concluantes, comme avec le machine quadrupède « AlphaDog » de Boston Dynamics. Cependant, l’expérience accumulée a permis de préciser les besoins de son programme Squad-X et de tester par la suite des robots armés.

L’US Army n’est pas en reste, avec le projet SMET [Small Multipurpose Equipment Transport], qui vise à mettre au point un robot mule destiné à ses brigades de combat. Et elle s’apprête également à évaluer huit prototypes de robots armés.

Quant à la Russie, elle a annoncé, en avril, la création d’une unité entièrement robotisée, équipée de « cinq complexes robotiques Uran-9 » [soit 20 machines au total]. Sa mission sera d’élaborer des doctrines d’emploi et de former leurs futurs opérateurs.

Quoi qu’il en soit, certaines forces terrestres sont cependant plus en pointe que d’autres dans le domaine de la robotique militaire. Tel est le cas d’Israël, ou bien encore de celui de l’Estonie, qui a déjà déployé un robot mule THeMIS au Mali.

En France, et depuis que la Direction générale de l’armement [DGA] a lancé le programme FURIOUS [FUturs systèmes Robotiques Innovants en tant qu’OUtilS au profit du combattant embarqué et débarqué], en 2018, l’armée de Terre multiplie les initiatives, avec l’objectif de disposer de robots opérationnels d’ici 2025. D’autant plus qu’elle peut s’appuyer sur des industriels français particulièrement actifs dans ce domaine.

Les robots terrestres permettront « notamment de générer des effets de masse et d’accélérer le rythme opérationnel pour augmenter le rendement de la force dans des domaines aussi variés que les systèmes de surveillance, de protection, de détection des menaces ou des flux logistiques », avait expliqué le général Charles Beaudoin, quand il était sous-chef du bureau plan programme de l’état-major de l’armée de Terre [EMAT].

Depuis le début de cette année, l’armée de Terre a enchaîne les évaluations et les expérimentations. En février, via son « Battle Lab Terre », elle a organisé à Satory une démonstration de convoi autonome, dans le cadre du projet « Micro convoi au contact » [MC²]. Puis, en mars, les sous-lieutenants de l’École militaire interarmes [EMIA], sous l’égide du Centre de recherche des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan, ont testé les fonctionnalités de plusieurs robots dans des scénarios de combat en zone urbaine.

Et, à l’occasion de leur déploiement au Mali, les « Bisons » du 126e Régiment d’Infanterie [RI] de Brive testent actuellement le robot mule « ROBOPEX », dont quatre modèles ont été livrés par l’entreprise française Gaci Rugged Systems. Enfin, le 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes [RCP], le 17e Régiment de Génie Parachutiste [RGP] et le 13e Bataillon de Chasseurs Alpins [BCA] ont été désignés pour expérimenter des « exosquelettes passifs » fournis par la société canadienne Mawashi.

D’autres initiatives vont suivre. Ainsi, le 10 juin, à Satory, la première « journée de la robotique aéroterrestre » sera organisée par l’armée de Terre, le groupe Nexter et le GICAT [Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres]. « Des entreprises spécialisées dans les robots et drones terrestres et aéroterrestres exposeront des équipements et réaliseront des démonstrations dynamiques », indique le ministère des Armées.

Cette journée, ajoute ce dernier, sera « l’occasion de lancer le projet Vulcain, fer de lance de l’ambition robotique de l’armée de Terre, évoquée dans la vision stratégique » du général Thierry Burkhard, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT].

En effet, d’ici l’été prochain, l’armée de Terre comptera une nouvelle unité dédiée à la robotique : la section Vulcain. « Dédiée à l’exploration et à l’emploi des systèmes automatisés, cette section expérimentera des robots aéroterrestres afin d’évaluer les gains opérationnels de la robotique et éclairer les choix d’équipements futurs », explique Terre Info Magazine.

Et d’ajouter : « La création de la section s’inscrit dans un plan plus large : le projet Vulcain, lequel a pour finalité de robotiser l’armée de Terre à l’horizon 2040. Il doit identifier le potentiel de la robotique de combat, permettre les innovations tactiques et ne garder que les bonnes solutions. »

La section Vulcain prendra ses quartiers au Centre d’entraînement aux actions en zone urbaine [CENZUB] – 94e RI de Sissonne. Elle devrait récupérer les robots mules ROBOPEX actuellement utilisées au Mali.

Photo : armée de Terre

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