La Marine nationale pourrait être impliquée dans la lutte anti-jihadiste au Mozambique

En 2017, le Mozambique espérait devenir rapidement l’un des principaux producteurs de gaz naturel en raison des immenses réserves découvertes dans la province de Cabo Delgado [nord-est du pays]. Seulement, en octobre de cette année-là, l’organisation jihadiste Ahlu Sunnah wal Jamaa [les « adeptes de la tradition du prophète »], encore appelée « al-Shabab » [sans rapport avec les jihadistes somaliens, ndlr], y lança une insurrection armée, marquée par de nombreuses exactions commises contre les populations civiles.

La réponse de Maputo ne fut pas à la hauteur de ce qu’exigeait la situation. Et, le groupe jihadiste, affilié désormais à l’État islamique, n’a depuis cessé de gagner en influence. En août 2020, il prit le contrôle de Mocimboa da Praia, dont le port est essentiel pour ravitailler les installations du site offshore d’Afungi, exploité notamment par Total. Puis, le mois suivant, les jihadistes débarquèrent sur les îles de Metundo et Vamizi, ce qui les mettait en position de menacer le trafic maritime dans la région.

Et, récemment, l’État islamique d’Afrique centrale [ISCAP] a occupé pendant plusieurs jours la ville de Palma, située à une dizaine de kilomètres d’Afungi. L’évolution de la situation sécuritaire dans la province de Cabo Delgado a conduit Total à y suspendre ses activités.

Cela étant, à Paris, l’émergence d’un foyer jihadiste dans le nord du Mozambique inquiète, dans la mesure où il risque de s’étendre aux Comores… puis à Mayotte.

« La situation en Afrique orientale, depuis les Shebab de Somalie jusqu’aux infiltrations récentes de l’État Islamique au Mozambique, nous préoccupe également beaucoup », a ainsi confié Bernard Émié, le Directeur général de la sécurité extérieure [DGSE], lors d’un comité exécutif sur le terrorisme organisé le 1er février à Orléans.

Quelques semaines plus tôt, lors d’une audition parlementaire, la ministre des Armées, Florence Parly, n’avait pas dit autre chose. « Ce qui se passe au nord [du Mozambique] est très inquiétant », avec « la montée en puissance d’un mouvement terroriste qui se réclame de Daesh », avait-elle affirmé. Et d’ajouter : « Nous sommes en train de voir comment nous pouvons appuyer, par de l’entraînement et de la formation, les forces armées [mozambicaines]. Nous souhaitons pouvoir le faire avec nos partenaires européens ». Plus particulièrement avec le Portugal, l’ancienne puissance coloniale.

Près de six mois plus tard, à l’occasion de son premier déplacement en Afrique du Sud, le président Macron a précisé les intentions françaises. « Nous sommes à disposition pour aider, mais dans le cadre d’une solution politique qui sera d’abord demandée par le Mozambique et ensuite structurée par la SADC [Communauté de développement de l’Afrique australe] « , a-t-il dit, le 28 mai, au côté de Cyril Ramaphosa, son homologue sud-africain.

« Compte tenu de notre stratégie indo-Pacifique, nous avons de manière extrêmement régulière des frégates et différentes composantes de notre marine qui sont présentes dans la région et […] nous pourrions très rapidement réagir si cela était souhaité », a ensuite précisé le président Macron.

Plus précisément, les capacités militaires françaises dans la région reposent sur les Forces armées dans la zone sud de l’Océan Indien [FAZSOI], qui s’appuient notamment sur le 2e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa], le détachement de Légion étrangère de Mayotte [DLEM], le Bâtiment de soutien et d’assistance outre-Mer [BSAOM] Champlain, les frégates de surveillance Nivôse et Floréal, deux patrouilleurs et deux avions de transport CASA CN-235.

Cela étant, tout en assurant qu’un « problème africain est un problème de la France », M. Marcron a souligné que « le coeur de la réponse doit être une réponse régionale africaine ».

« La SADC est prête à aider le Mozambique à lutter contre les insurgés et à assurer le rétablissement de la paix et de la stabilité au Mozambique », a déclaré le président Ramaphosa.

Ce dernier s’est exprimé au lendemain d’un sommet extraordinaire organisé par cette instance pour évoquer la situation dans la province de Cabo Delgado. Et si l’idée d’une intervention militaire y a été évoquée, elle n’a finalement pas été retenue… du moins pour moment, le président mozambicain, Filipe Nyusi, privilégieant un renforcement de ses forces de sécurité.

Photo : Frégate Nivôse © Marine nationale

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