Des informations sur la sécurité des armes nucléaires de l’Otan ont circulé sur Internet

Dans le cadre de la disssuasion nucléaire de l’Otan, cinq États membres abritent sur leur sol des bombes nucléaires tactiques [ANT] B-61 fournies par les États-Unis. Ce dispositif repose sur le principe dit de la « double clé », c’est à dire que si les chasseurs-bombardiers des pays hôtes sont susceptibles de mettre en oeuvre de telles armes, le contrôle de ces dernières [et donc le code d’armement] est exclusivement américain.

Même si les pays où elle sont situées ne l’ont jamais officiellement confirmé, les bases où sont stockées ces armes nucléaires sont connues : il s’agit en effet de celles de Kleine Brogel [Belgique], d’Incirlik [Turquie], de Büchel [Allemagne], de Volkel [Pays-Bas], d’Aviano et de Ghedi Torre [Italie].

Évidemment, en raison de leur vocation nucléaire, ces installations font l’objet de mesures de sécurité censées être drastiques. Pour autant, en 2010, des membres de l’association Vredesactie [Action pour la paix] réussirent à s’approcher d’un dépôt abritant les bombes B-61 après s’être introduits sur la base de Kleine-Brogel.

« Le bunker, où se trouve les armes nucléaires, est au sous-sol. Mais après avoir consulté un panneau de contrôle présent dans le hangar, nous savons qu’un bunker y est présent et nous supposons qu’il est toujours utilisé. Il y avait un système d’alarme, donc nous n’avons pas pu y pénétrer », avait expliqué Hans Lammerant, l’un de ces activistes.

Cela étant, avec un accès à Internet et un minimun de curiosité, il est possible d’obtenir des informations sensibles concernant les dépôts d’armes nucléaires de l’Otan. C’est en effet ce que vient de démontrer le site d’investigation Bellingcat.

Ainsi, en associant dans une requête adressée à un moteur de recherche [Google, en l’occurrence] les termes PAS [hangars à avions], WS3 [système de sécurisation des armements] et Vault [abri en béton] au nom de l’une des six bases connues pour abriter des B-61, Bellingcat a découvert que des militaires américains utilisaient des applications gratuites de fiches de révision destinées aux étudiants, comme Cram, Quizlet ou Chegg, pour y consigner de nombreuses informations relatives à la sécurité des installations nucléaires de l’Otan. Et cela, afin de « réviser » en vue d’un contrôle de leurs connaissances.

Si, dans l’ensemble, ces fiches présentent un intérêt limité, certaines, en revanche, livrent des informations qui n’ont pas à se trouver sur la place publique. Ainsi, l’une d’elles contenait les mots de passe et les noms d’utilisateurs requis pour activer/désactiver le dispositif WS3. D’autres concernaient le nombre et la position des caméras de sécurité, des données relatives aux capteurs et aux systèmes radar, les identifiants uniques des badges donnant accès à des zones réglementées [RAB pour restricted area badges], les types d’équipements des forces protégeant les bases concernées.

Les fiches les plus anciennes datent de 2012 tandis que la plus récente a été mise à jour en avril dernier. A priori, elles ont été supprimées après que Belligcat a sollicité le Pentagone, le commandement américain en Europe [EUCOM] et l’Otan à leur sujet. Le ministère néerlandais de la Défense, s’il a reconnu que les Pays-Bas font partie des plans nucléaires, a décliné tout commentaire.

Reste à voir si toutes ces « fiches de révision » ont bel et bien été retirées… En tout cas, celles signalées par Bellingcat l’ont été et il n’est pas impossible qu’il y en ait d’autres. Cependant, toutes ne concernent pas forcément les installations nucléaires de l’Otan. Ainsi, le site d’investigation a mis la main sur des fiches relatives à la procédure suivie pour effectuer une frappe avec un drone MQ-9 Reaper.

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