La Croatie confirme officiellement son intention d’acquérir 12 avions Rafale F3R

La presse locale avait vendu la mèche, la semaine passée, en donnant le Rafale vainqueur de l’appel d’offres lancé par Zagreb afin de remplacer les MiG-21Bis/UM de la force aérienne croate. Et, depuis, cette information n’a pas été démentie.

Et pour cause : ce 28 mai, le Premier ministre croate, Andrej Plenković, a officiellement annoncé que Zagreb entamerait des négociations exclusives avec Paris afin de se procurer 12 avions Rafale F3R d’occasion [dont deux biplaces], après avoir estimé que l’offre française « était la meilleure ».

Pour rappel, trois autres propositions avaient été soumises au gouvernement croate. Ainsi, le Rafale F3R était opposé au F-16 Block 70 « Viper », au JAS-39 Gripen C/D et au F16 block 30 d’occasion [dont la candidature était soutenue par Israël].

Cela étant, en décembre, il apparut que cet appel d’offres allait se jouer entre le F-16 « Viper » et le Rafale F3R.

Pour M. Plenković, l’achat de Rafale F-3R va « augmenter considérablement les capacités de la force aérienne croate ». Et d’ajouter : « La Croatie va acquérir un puissant moyen de dissuasion pour les 30 à 40 prochaines années, ce qui renforcera considérablement sa position internationale et la protection de son espace aérien ». En outre, il a également fait valoir que cett acquisition renforcera la position de son pays en « tant qu’allié au sein de l’Otan et que partenaire au sein de l’Union européenne. »

« Pour la première fois, nous atteindrons 2% du PIB alloués au renforcement de nos capacités de défense, ce qui est l’objectif de tous les membres de l’Otan », a encore fait valoir le Premier ministre croate.

Dans le détail, l’offre française, pour laquelle la ministre des Armées, Florence Parly, n’a pas ménagé sa peine, prévoit, en plus des 12 Rafale, la livraison d’un simulateur de vol, d’un ensemble d’équipements, la formation des personnels, des pièces de rechange et une garantie de 12 mois pour chaque avion. Le tout pour un montant estimé à près d’un milliard d’euros.

Cette offre se concrétisera « par un accord entre les deux gouvernements’, précise encore le Premier ministre croate, qui évoque un « paiement échelonné qui ne ralentira pas » la marche de Zagreb vers la zone euro. Les négocations doivent être finalisées d’ici la fin de cette année, afin de permettre la livraison des six premiers Rafale F3R en 2024.

La Croatie deviendra ainsi le second client européen du Rafale, après la Grèce, qui en a commandé 18 exemplaires en janvier dernier, dont 12 d’occasion. Étant donné que les avions destinés à la force aérienne croate seront prélevés sur la flotte de l’armée de l’Air & de l’Espace [aAE], Dassault Aviation peut donc s’attendre à se voir notifier par le ministre des Armées une commande de 12 appareils dans les mois qui viennent. [*]

« Tout ce que nous souhaitons, c’est évidemment des dates de livraison de ces avions qui permettent une soutenabilité de cet effort par l’armée de l’Air & de l’Espace », qui ne pourra pas mener de front celui qu’elle aura à consentir avec la Grèce, avait par ailleurs expliqué le général Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition parlementaire, en octobre 2020.

« Donc, soit ces deux prospects sont enchaînés dans le temps, et à ce moment là, l’effort sera soutenable, soit nous serons dans l’impossibilité, au risque de lacunes importantes sur le plan opérationnel et sur le plan organique », avait-il ajouté, avant d’estimer que Dassault Aviation devait « accepter de prendre le risque d’ouvrir des chaînes [d’assemblage] supplémentaires […] parce que, de toute évidence, les armées françaises […] ne peuvent pas servir de système d’assurance systématique. Et c’est bien compris de cette façon par ledit industriel. »

Quoi qu’il en soit, l’annonce faite par Zagreb a été saluée par Mme Parly. « Le choix de la Croatie est un choix de souveraineté, résolument européen. Le Rafale est un avion exceptionnellement puissant et moderne, parfaitement en mesure de protéger la population, le territoire et les intérêts croates. Le fait qu’un pays européen choisisse l’offre d’un autre pays européen est un signe fort qui dépasse le symbole. Nous construisons, brique par brique, les fondamentaux d’une culture stratégique européenne », a-t-elle réagi.

[*] Dans son communiqué diffusé pour saluer l’annonce croate, le ministère des Armées dit : « Les produits de cession des Rafale prélevés seront utilisés pour améliorer la disponibilité et renforcer la préparation opérationnelle de l’armée de l’Air et de l’Espace ». Ce laisse un doute sur leur remplacement par des appareils neufs… et donc sur le respect des objectifs fixés par la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, laquelle fixe à 129 le nombre de Rafale devant être alignés par l’aAE d’ici 2025.

MàJ – ajout de la référence au communiqué du ministère des Armées

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