Les négociations sur l’achat de 36 avions Rafale par l’Indonésie seraient dans la dernière ligne droite

En décembre 2020, à l’antenne de BFMTV, la ministre des Armées, Florence Parly, confirma que l’Indonésie envisageait de se procurer 36 avions de combat Rafale et que les discussions relatives à ce contrat potentiel étaient à un « stade très avancé ».

Depuis, la Grèce a commandé 18 Rafale [dont 12 d’occasion et 6 neufs] et l’Égypte a signé un nouveau contrat pour en obtenir 30 de plus. Mais les intentions indonésiennes ne se sont toujours pas concrétisées. Interrogée sur ce point par La Tribune, la semaine passée, Mme Parly n’a pas souhaite répondre…

En février, le chef d’état-major de la force aérienne indonésienne, le maréchal Fadjar Prasetyo, confirma l’intérêt de Jakarta pour le Rafale, mais aussi pour le F-15EX du constructeur américain Boeing. Exit, donc les projets, un temps évoqués, d’acquérir des Su-35 Flanker-E russes ou des Eurofighter Typhoon [tranche 1] d’occasion auprès de l’Autriche…

Ces dernières semaines, les médias indonésiens ont régulièrement évoqué le Rafale, comme l’a fait CNBC Indonesia, qui lui a dédié au une bonne dizaine d’articles au cours de ces trois derniers mois. Dans l’un d’eux, il y est expliqué que Jakarta compte « jouer la carte géopolitique de la France » car elle est un « membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU » et qu’elle dispose d’une « autonomie stratégique en matière d’industrie de défense. »

Ce qui est évidemment aussi le cas des États-Unis. Seulement, poursuit l’article, l’Indonésie « ne souhaite pas que tous ses avions de combat soient d’origine américaine ou qu’ils aient de nombreux composants nécessitant une licence d’exportation délivrée par Washington. »

Quoi qu’il en soit, plusieurs signaux suggérent que le dénouement est proche. Ainsi, le 14 avril, le gouvernement indonésien a fait état d’un entretien entre le ministre de la Défense, Prabowo Subianto, et l’ambassadeur de France en Indonésie, Olivier Chambard. Le développement du partenariat stratégique, le renforcement des capacités militaires des forces indonésiennes et les questions relatives à l’industrie de défense ont ainsi été évoqués. À noter que cette rencontre n’a fait l’objet d’aucune publicité du côté français, où l’on semble vouloir cultiver la discrétion dans cette affaire…

Pour rappel, la « loi 16 » de la législation indonésienne sur les marchés intéressant la défense exige des compensations industrielles en cas d’achats auprès d’un pays tiers.

Cela étant, il reste à voir comme l’achat de Rafale pourra être financé. Selon les orientations budgétaires de Jakarta, les dépenses militaires devraient augmenter de +7,1% cette année, pour atteindre 8,2 milliards de dollars. Et cela, alors que le plan de modernisation des forces armés indonésiennes est doté de 20,8 milliards de dollars pour la période 2020-24. Le souci est que les effets économiques de la pandémie de covid-19 risquent de compliquer la donne. À moins de trouver des facilités pour le financement de certains équipements.

Le 10 mai, le site Intelligence Online a laissé entendre qu’une solution était en vue pour le Rafale. « Dassault a commencé les ultimes étapes de négociations avec les ministères des Finances français et indonésiens pour financer la vente de 36 avions de chasse », a-t-il écrit. Ce 19 mai, soit un peu plus d’une semaine plus tard, citant des « sources concordantes », La Tribune explique qu’il ne reste plus que le feu vert du président indonésien, Joko Widoko, pour que le contrat soit officialisé.

Les prochaines semaines diront si 2021 sera un cru exceptionnel pour la Rafale [ainsi que pour Dassault Aviation et ses sous-traitants].

En effet, outre le contrat indonésien en approche, la Croatie annoncera le choix de l’avion de combat qui équipera son aviation de chasse le 28 mai prochain, soit à l’occasion de la « journée des forces armées ». Là, le Rafale est en compétition avec le F-16 Viper de l’américain Lockheed-Martin. Puis, ce sera au tour de la Suisse de livrer le résultat de son appel d’offres « Air 2030 », en principe en juin prochain. Mais le plus gros morceau est attendu pour la fin de cette année, la Finlande devant annoncer le vainqueur de la compétition qu’elle a lancée pour acquérir 65 nouveaux avions afin de remplacer les F/A-18 Hornet de ses forces aériennes.

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