Les États-Unis débloquent la vente par la Turquie de six hélicoptères d’attaque T-129 aux Philippines

En décembre 2020, l’administration Trump imposa de nouvelles sanctions à la Turquie, en raison de l’achat, par cette dernière, de systèmes russes de défense aérienne S-400. Ainsi, dans le cadre de la loi dite CAATSA [Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act], Washington décida notamment d’interdire toute nouvelle licence d’exportation d’équipements militaires à l’agence turque de l’armement [SSB].

Seulement, deux ans plus tôt, les Philippines firent part de leur intention de se procurer six hélicoptères d’attaque T-129 ATAK auprès du constructeur turc TAI [Turkish Aerospace Industries]. Puis un accord fut signé à cette fin par Manille et Ankara. Ce n’est pas le premier concernant cet appareil. L’Azerbaïdjan en avait déjà commandé 60 unités en 2013, de même que le Pakistan, qui s’était engagé pour 30 exemplaires en 2018.

Sauf que, jusqu’à présent, la Turquie n’a jamais été en mesure d’honorer ces commandes, les États-Unis s’y étant opposés.

En effet, dérivé de l’A-129 « Mangusta » d’AgustaWestland, le T-129 « Atak » est doté de deux moteurs T800, produits par la co-entreprise LHTEC, formée à parts également par le britannique Rolls Royce et l’américain Honeywell Aerospace.

Or, à partir du moment où la part de composants d’origine américaine dépasse les 10% dans un équipement militaire destiné à être exporté, une autorisation doit être accordée par Washington. Et, depuis 2015, l’administration américaine a systématiquement refusé d’accorder une licence pour les moteurs T800 des T-129 commandés auprès de TAI.

Cette intransigeance américaine explique la raison pour laquelle le constructeur turc s’est récemment tourné vers un motoriste ukrainien [qui serait, a priori, Motor Sich] pour développer un nouveau moteur afin de remplacer le LHTEC T800.

Cela étant, la position américaine a fini par évoluer… Du moins pour ce qui concerne les Philippines, qui, liées par un accord de défense avec les États-Unis signé en 1951, font face à des défis sécuritaires importants, dont la lutte contre les groupes jihadistes implantés dans le sud de l’archipel et la contestation par Pékin de la souveraineté exercée par Manille sur plusieurs récifs et îlots situés en mer de Chine méridionale.

En effet, à en croire Serdar Demir, un dirigeant de TAI, le département d’État [diplomatie américaine, ndlr] a donné son feu vert à la vente de six T-129 aux Philippines en accordant une licence d’exportation pour les moteurs LHTEC T800.

« La licence a été directement délivrée par le département d’État », a précisé un responsable gouvernemetal turc auprès du site Middle East Eye [MME]. « Nous avons également reçu des licences d’exportation pour les moteurs nécessaires aux hélicoptères T129 devant être utilisés par les autorités turques », a-t-il ajouté. En revanche, les restrictions ont visiblement été maintenues pour l’Azerbaïdjan et le Pakistan.

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