La Turquie voudrait rejoindre le projet de l’Union européenne relatif à la mobilité militaire

Retenu au titre de la Coopération structurée permanente [CSP ou PESCO] et dirigé par les Pays-Bas, le projet « Mobilité militaire » vise à faciliter les mouvements de troupes au sein de l’Union européenne [UE]. Et donc d’établir ainsi une sorte de « Schengen militaire. »

Ce sujet est aussi l’une des priorités de l’Otan, des manoeuvres récemment conduites ayant montré qu’il serait difficile, en l’état actuel des choses, d’acheminer rapidement des renforts dans l’est de l’Europe en cas de nécessité. Et cela en raison d’infrastructures inadaptés et de problèmes bureaucratiques.

Cela étant, et comme sa raison d’être est de renforcer l’autonomie stratégique européenne, la CSP n’avait initialement pas vocation à être rejointe par des pays extérieurs à l’Union européenne. Seulement, à l’initiative de l’Allemagne, les règles ont changé en novembre 2020. Ainsi, un État tiers peut désormais prendre part à un projet de la CSP à la condition de « partager les valeurs sur lesquelles l’Union est fondée » et de « ne pas porter atteinte aux intérêts de l’Union et de ses États membres en matière de sécurité et de défense ».

C’est ainsi que, début mai, les États-Unis, le Canada et la Norvège ont été admis à participer au projet relatif à la mobilité militaire, notamment en raison de leur appartenance à l’Otan. Mais un quatrième pays, également membre de l’Alliance, voudrait en faire autant.

En effet, selon le journal allemand Welt am Sonntag, « il y a peu plus d’une semaine », la Turquie a adressé une demande en ce sens aux Pays-Bas. Et, toujours d’après la même source, il se dit dans les « cercles diplomatiques » que « cette éventuelle coopération avec la Turquie dans le cadre de la CSP améliorera non seulement la coopération entre l’UE et l’Otan » et « pourrait conduire à une normalisation des relations » entre Ankara, Nicosie et Athènes.

Cela étant, la candidature turque à ce projet de mobilité militaire est loin d’être acquise. Déjà, il faudrait qu’elle soit unanimement acceptée… Et on voit mal la Grèce et Chypre donner leur feu vert au regard de leurs relations difficiles avec la Turquie, en particulier au sujet de l’exploitation gazière en Méditerranée orientale.
Ensuite, s’agissant des « valeurs », les autorités turques sont régulièrement pointées du doigt pour leurs dérives autoritaires.

Reste que, en mars, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a rendu un rapport de 16 pages dans lequel il est question d’un éventuel renforcement de l’union douanière avec la Turquie, à la condition d’une « dialogue apaisé et constructif ». Faute de quoi, des sanctions – réversibles – pourraient être prises.

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