Le planeur hypersonique V-MAX effectuera son premier vol dans les « prochains mois », annonce Mme Parly

Le mois dernier, deux avertissements de navigation émis par la Direction générale de l’armement [DGA] « Essais de missile » concernant quatre zones de l’Atlantique Nord laissaient supposer qu’un essai du missile balistique M51.3 ou du planeur hypersonique V-MAX [Véhicule Manoeuvrant eXpérimental] était imminent. La seconde hypothèse pouvait être séduisante, étant donné que la trajectoire alors prévue était différente des précédents tirs de missiles M51. Seulement, comme on l’apprendra plus tard, la première était la bonne

Pour autant, le premier vol du V-MAX ne devrait pas tarder à avoir lieu. Pour rappel, en janvier 2019, et alors que les études relatives au missile hypersonique AS4NG, destiné aux Forces aériennes stratégiques [FAS], étaient en cours, la ministre des Armées, Florence Parly, annonça le lancement d’un programme visant à développer un démonstrareur de planeur hypersonique. « Beaucoup de nations s’en dotent, nous disposons de toutes les compétences pour le réaliser : nous ne pouvons plus attendre », fit-elle valoir à l’époque, en faisant une allusion à la Russie, à la Chine et aux États-Unis.

Un contrat fut ainsi notifié à ArianeGroup [en qualité de maître d’oeuvre du programme]. Les défis pour réaliser un tel démonstrateur sont nombreux, notamment pour ce qui concerne les matériaux ou encore la manoeuvrabilité à grande vitesse. D’où l’importance des travaux de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA]. Et, comme l’avait expliqué Joël Barre, le Délégué général pour l’armement [DGA], ce planeur hypersonique sera emporté par une « fusée sonde ».

Quoi qu’il en soit, à l’occasion d’un déplacement à la base aérienne 110 de Creil, qui abrite plusieurs organismes relevant de la Direction du renseignement militaire [DRM], Mme Parly a donné des nouvelles du programme VMAX… pour mieux illustrer son propos sur les apports de l’intelligence artificielle [IA] aux opérations militaires.

« La France, comme beaucoup d’autres grandes nations militaires, développe des planeurs hypersoniques. Notre démonstrateur V-MAX devrait accomplir prendre son premier vol dans les prochains mois », a en effet annoncé la ministre.

« Ces planeurs hypersoniques sont capables de franchir les défenses aériennes les plus perfectionnées : ce sont des missiles qui pourront atteindre des vitesses inédites de 6.000 à 7.000 kilomètres par heure, autrement dit, parcourir la distance entre Dunkerque et Nice en 12 minutes. Or, quand on dispose de seulement quelques dizaines de minutes pour prendre une décision éclairée dont dépend la vie de milliers de personnes, on peut dire que même la plus grande intelligence humaine fait face à quelques difficultés », a ensuite expliqué la ministre.

Aussi, a-t-elle continué, « nous savons que nous aurons un besoin impérieux de l’intelligence artificielle pour envisager tous les scénarios dans un temps record, analyser toutes les réponses possibles, et agir dans le bon tempo. »

Pour Mme Parly, l’IA est une « arme redoutable en ce sens qu’elle a le pouvoir de décupler la force de frappe de toutes les autres » et « ce qui comptera prochainement, ce ne sera plus uniquement le nombre de chars d’assaut, de missiles ou de moyens de surveillance dont on dispose, mais la façon dont on coordonne leur emploi, dont on optimise leur déploiement sur une zone définie. »

Par ailleurs, l’intelligence artificielle suppose d’être en mesure de collecter, de stocker et de traiter un nombre incommensurable de données. D’où le programme Artemis [ARchitecture de Traitement et d’Exploitation Massive de l’Information multi-Sources], lancé il y a quatre ans par la DGA. « Le traitement massif des données, c’est le nouveau nerf de la guerre. C’est ce qui nous permettra de prendre la bonne décision' », a souligné Mme Parly. Et, par conséquent, « nous ne pouvons donc dépendre de personne » et « c’est un enjeu de souveraineté essentiel », a-t-elle dit.

En mai 2019, ATOS, associé à Cap Gemini, et le groupement Thales / Sopra Steria avaient été retenus pour la seconde phase du programme Artemis. Et « beaucoup de chemin » a été parcouru depuis, à en croire la ministre.

« Des démonstrateurs […] ont déjà fait leurs preuves sur plusieurs applications à partir des données aussi riches et variées que celles du suivi de la santé des militaires, de la gestion de parcs de matériels militaires, de surveillance maritime ou pouvant intéresser la lutte informatique défensive. Les premiers résultats obtenus sont très encourageants, de nature à pleinement nous convaincre des bénéfices à tirer du déploiement d’Artémis notamment dans le domaine du renseignement, de la cyberdéfense ou de la maintenance », a en effet indiqué Mme Parly.

Ce qui fait que la phase d’industrialisation d’Artemis ne devrait pas tarder à être lancée, d’autant plus que, à cette fin, Thales et Atos vont créer la co-entreprise ATHEA. « Sopra Steria et Capgemini poursuivront cette belle aventure aux côtés d’ATHEA et ils ne seront pas les seuls », a dit la ministre, en évoquant le rôle des start-ups et autres PMe qui « apportent leur pierre à l’édifice ». « Et je compte sur l’Agence du numérique de défense récemment créée, en lien avec ATHEA, pour animer et stimuler cet écosystème industriel et souverain », a-t-elle conclu.

Photo : Planeur hypersonique [illustration]

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