Détroit d’Ormuz : Tirs de semonce pour éloigner des vedettes iraniennes du sous-marin américain USS Georgia

Pour la troisième fois en un peu plus d’un mois, la marine américaine a dénoncé des manoeuvres « agressives » effectués par des vedettes rapides iraniennes près de ses navires naviguant dans les eaux du golfe Persique, alors que se tiennent, dans le même temps, des discussions sur le retour des États-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien [PAGC – Plan d’action global commun].

Le 2 avril, soit peu avant le début des négociations, trois vedettes accompagnant le navire de soutien Harth 55, de la composante navale du Corps des gardiens de la révolution [IRGCN], s’étaient rapprochés « agressivement » des USCGC Wrangell et Monomoy, deux patrouilleurs de l’US Coast Guard. Cet incident ne fut pas dénoncé immédiatement par la 5e Flotte de l’US Navy, laquelle mit trois semaines pour se décider à communiquer à son sujet.

Le deuxième incident eut lieu le 26 avril. Et, cette fois, il fut tout de suite dénoncé par l’US Navy. Là, l’USS Firebolt et l’USCGC Baranoff , qui effectuaient une « opération de sécurité maritime » dans le nord du Golfe persique, furent approchés à moins de 60 mètres par trois vedettes rapides iraniennes. Ce qui obligea l’un des deux patrouilleurs américains à effectuer des tirs de semonce pour les éloigner.

Puis, le 10 mai, dans le détroit d’Ormuz, 13 vedettes de l’IRGCN ont effectué une « approche à grande vitesse » en direction d’une flottille américaine, constituée du croiseur USS Monterey, des patrouilleurs côtier USS Thunderborlt, USS Hurricane et USS Squall ainsi que des USCGC Wrangell et Maui de l’US Coast Guard. Et surtout, du sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière USS Georgia [classe Ohio].

« Les navires de la marine américaine étaient en transit dans le détroit d’Ormuz conformément au droit international coutumier. Ils escortaient l’USS Georgia, qui était alors en surface », a expliqué l’US Navy, dans un communiqué.

Deux vedettes iraniennes ont alors approché les USS Squall et USCGC Maui par l’arrière, à une vitesse « supérieure à 32 noeuds », avec leur armes en évidence.

Malgré les avertissements répétés des patrouilleurs américains, les navires iraniens se sont rapprochés à moins de 300 mètres de l’USCGC Maui, qui a alors effectué des tirs de semonce avec une mitrailleuse de calibre .50… Ce qui a été insuffisant pour dissuader les deux vedettes, ces dernières ayant poursuivi leur approche, à moins de 150 mètres. Ce qui a donné lieu au tir d’une seconde salve d’avertissement… laquelle aura finalement été la bonne.

« Au cours de l’interaction, les vedettes de l’IRGCN se sont approchés à moins de 150 mètres de l’USCG Maui à grande vitesse, une distance inutilement proche qui a mis les navires et leurs équipages en danger immédiat. […] Elles ont manœuvré d’une manière dangereuse et non professionnelle et n’ont pas tenu compte de la sécurité des forces américaines comme l’exige le droit international », dénonce l’US Navy.

« Leurs actions, associées à celles des autres vedettes rapides iraniennes, ont augmenté le risque d’erreurs de calcul et de collision et n’ont pas été conformes aux Règlement international pour prévenir les abordages en mer », a poursuivi la marine américaine.

« Malheureusement le harcèlement de la part des Gardiens de la Révolution n’est pas un phénomène nouveau. C’est dangereux, ce n’est pas professionnel. C’est le genre d’action qui peut causer des blessés et mener à des erreurs d’appréciation dans la région », a commenté John Kirby, le porte-parole du Pentagone.

Ce nouvel incident est survenu deux jours après que la 5e Flotte de l’US Navy a annoncé l’interception par l’USS Monterey, en mer d’Arabie, d’un boutre transportant une importante cargaison d’armes, comprenant des dizaines de missiles antichars de facture russe, des milliers de fusils d’assaut de type 56 d’origine chinoise ainsi que des centaines de mitrailleuses PKM et des lance-grenades. Sans doute était-elle destinée aux rebelles Houthis qui, actifs au Yémen, sont soutenus par l’Iran. Une enquête est actuellement en cours.

Mais le plus intéressant dans cet incident est la mention de la présence du sous-marin USS Georgia, lequel emporte jusqu’à 154 missiles de croisière Tomahawk ainsi qu’un détachement de 66 commandos de forces spéciales. En décembre, l’US Navy avait annoncé son déploiement dans le golfe Persique, photographies à l’appui. Ce qui était inhabituel, les mouvements de tels bâtiments ne faisant généralement jamais l’objet d’une telle publicité.

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