Les États-Unis, la Norvège et le Canada s’invitent dans le projet européen relatif à la mobilité militaire

Initialement, les pays extérieurs à l’Union européenne [UE] n’avaient pas vocation à participer à des projets retenus au titre de la Coopération structurée permanente [CSP ou PESCO], dont la finalité est de renforcer l’autonomie stratégique européenne. Seulement, certains États membres ont contesté cette restriction. Et, en novembre 2020, l’Allemagne a proposé un compromis… qui a été accepté.

Ainsi, il est désormais possible à un pays tiers de participer à l’un des projets de la CSP, sous réserve de remplir certaines conditions politiques, juridiques et matérielles.

« Par exemple, un pays souhaitant participer à un projet doit partager les valeurs sur lesquelles l’Union est fondée, ne doit pas porter atteinte aux intérêts de l’Union et de ses États membres en matière de sécurité et de défense et doit avoir conclu un accord pour échanger des informations classifiées avec l’UE, entre autres », explique le Conseil de l’Union européenne.

En mars dernier, il fut rapporté que les ֤États-Unis, le Canada et la Norvège venaient d’envoyer une demande pour prendre part à un projet concernant la mobilité militaire au sein de l’UE, conduit par les Pays-Bas dans le cadre de la CSP.

« La participation des États-Unis apporterait une valeur ajoutée au projet étant donné l’expertise américaine en matière de mouvements de troupes et de matériels à travers l’Europe », avait en effet souligné un porte-parole du Pentagone, avant de laisser entendre que Washington pourrait participer à d’autres projets retenus au titre de la CSP.

La mobilité militaire au sein de l’Union européenne est un sujet prioritaire pour l’Otan et les États-Unis, des manoeuvres conduites ces dernières années ayant montré que, en raison de problèmes d’infrastructures et de tracasseries admnistratives, il serait compliqué d’acheminer rapidement des renforts dans l’est de l’Europe dans le cas où la clause de défense collective inscrite à l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord serait activée.

En 2018, en concertation avec l’Otan, le Service européen pour l’action extérieure [SEAE] dévoila un plan visant à « améliorer la mobilité militaire au sein de l’Union europenne ». Et le Cadre financier pluriannuel européen pour la période 2021-27 adopté l’an passé prévoit un investissement de 1,5 milliards d’euros [alors qu’il était question de 6,5 milliards dans le projet préliminaire, ndlr] pour réaliser ce « Schengen militaire. »

Cela étant, pour qu’un pays tiers puisse participer à un projet de la CSP, il lui faut obtenir l’accord des 27 États membres de l’UE. Et c’est ce que viennent d’obtenir les États-Unis, la Norvège et le Canada, ce 6 mai, à l’issue du réunion des ministres de la Défense.

« C’est un sujet très important, non seulement pour l’Union européenne, mais aussi pour l’Otan », a commenté Annegret Kramp-Karrenbauer, la ministre allemande de la Défense. C’est un « bond en avant dans la coopération concrète lorsqu’il s’agit de garantir que les troupes puissent être déployées en Europe au-delà des frontières nationales », a-t-elle insisté.

Haut-représentant de l’Union pour les Affaires étragère et la politique de sécurité, Josep Borrell n’a pas dit autre chose. « Aujourd’hui, le Conseil a approuvé la participation des États-Unis, du Canada et de la Norvège au projet CSP ‘mobilité militaire’. Leur expertise sera utile au projet et, partant, contribuera à l’amélioration de la mobilité militaire à l’intérieur de l’UE et au-delà. Ce volet de nos relations transatlantiques constitue une priorité commune dans l’intérêt de tous. Il rendra la défense de l’UE plus efficace et contribuera à renforcer notre sécurité », a-t-il dit.

Le ministère néerlandais de la Défense, qui est à la manoeuvre pour ce projet, s’est également félicité de cette décision. « L’admission de ces trois partenaires clés de l’UE et alliés de l’Otan au projet de l’UE revêt une grande importance pour le lien transatlantique et contribuera à renforcer la coopération UE-Otan dans ce domaine », a-t-il fait valoir.

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