Présence chinoise près d’un îlot philippin : Manille perd patience et appelle Pékin à « se casser »

Depuis le mois de mars, Manille ne cesse de dénoncer la présence de navires appartenant à la milice maritime chinoise dans les environs du récif philippin de Whitsun [encore appelé « Juan Felipe »], situé en mer de Chine méridionale, à 230 km de l’île de Palawan. Mais en pure perte.

En effet, pour la Chine, le récif Whitsun fait partie de l’archipel « Nansha » [nom chinois des îles Spraleys, ndlr] dont elle a pris le contrôle malgré les revendications des pays riverains dont il fait encore l’objet.

Seulement, ce n’est pas le seul récif ou îlot philippin sur lequel Pékin lorgne. Le premier fut celui de Mischief, dans les années 1990. Puis ce fut au tour de celui de Scarborough en 2012. Saisie par Manille, la Cour permanente d’arbitrage [CPA] de La Haye estima, en 2016, que les revendications chinoises sur certaines parties de la mer de Chine méridionale n’avaient aucun fondement juridique et que Pékin n’y avait aucun « droit historique ». Pour autant, cela ne changea en rien la position affichée par les autorités chinoises.

Qui plus est, depuis janvier, la garde-côtière chinoise est désormais autorisée à faire usage de la force, sans sommation, contre tout navire qui naviguerait sans autorisation dans les eaux placées sous sa juridiction. Ce qui englobe celles entourant les îlots passés sous contrôle chinois. Et les incidents avec les garde-côtes et pêcheurs philippins tendant à ce multiplier depuis plusieurs semaines.

Ainsi, le 3 mai encore, Manille a protesté contre le harcèlement de navires philippins en patrouille près du récif de Scarborough par la garde-côtière chinoise. Le ministre philippin des Affaires étrangères a qualifié les actions de cette dernière de « belliqueuses ».

Ainsi, ce dernier a dénoncé contre le « blocage, les manoeuvres dangereuses et menaces par radio des gardes-côtes chinois contre des navires de la garde-côtière philippine effectuant des patrouilles légitimes et des exercices » près du récif de Scarborough, les 24 et 25 avril dernier.

Cela étant l’accumulation de tels incidents et les difficultés qu’éprouvent les pêcheurs philippins à gagner leur vie font perdre patience à Manille. « Chine, mon amie, comment puis-je le dire poliment? Laissez-moi voir… CASSEZ-VOUS », a lâché Teodoro Locsin, le chef de la diplomatie philippine, le 3 mai.

« Bien que nous reconnaissions que la capacité militaire de la Chine est plus avancée que la nôtre, cela ne nous empêche pas de défendre nos intérêts nationaux et notre dignité en tant que peuple avec tout ce que nous avons », avait affirmé, quelques heures plus tôt, Delfin Lorenzana, le ministre philippin de la Défense.

Ce 4 mai, le ministère chinois des Affaires étrangères n’a manqué de répondre aux deux ministres philippins.

« L’île de Huangyan [nom chinois du récif de Scarborough, ndlr] est un territoire chinois et ses eaux adjacentes sont sous la juridiction de la Chine. La Chine exhorte la partie philippine à respecter sincèrement la souveraineté et la juridiction de la Chine et à cesser de prendre des mesures qui pourraient compliquer la situation. Les faits ont prouvé à maintes reprises que la diplomatie du mégaphone ne peut que saper la confiance mutuelle plutôt que changer la réalité », a ainsi affirmé un porte-parole, avant de donner une leçon de maintien à Teodoro Locsin.

Dans cette affaire, le président philippin, Rodrigo Duterte, joue un drôle de jeu. Partisan d’un rapprochement avec la Pékin aux dépens de la relation privilégiée de Manille avec Washington, il a sermonné son chef de la diplomatie. « La Chine reste notre bienfaiteur. Ce n’est pas parce que nous avons un contentieux avec elle que nous devons être impolis et irrespectueux », a-t-il dit.

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