L’activité de l’aviation militaire russe près de l’Alaska a atteint son plus haut niveau depuis la fin de la Guerre Froide

Si Moscou dénonce régulièrement l’activité aérienne de l’Otan dans la région de la Baltique ainsi que dans celle de la mer Noire [elle aurait augmenté de 30% en 2020, selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou], l’aviation militaire russe n’est visiblement pas en reste.

Ainsi, lors d’un forum organisé par l’Air Force Association, le général David Krumm, chef de la 11th Air Force et de l’Alaska Command [ALCOM], a dit avoir constaté une hausse significative de l’activité de l’aviation militaire russe dans la zone d’identification de défense aérienne [ADIZ] de l’Alaska, au point qu’elle a atteint un niveau qui n’avait plus été vu depuis la chute de l’Union soviétique, et donc la fin de la Guerre Froide, en 1991.

Selon les chiffres donnés par le général Krumm, en 2020, 60 interceptions d’appareils russes [bombardiers stratégiques et avions de patrouilles maritime Tu-142 notamment] ont été réalisées par l’US Air Force, contre une dizaine par an, en moyenne, au cours de ces dernières années.

En mars, à l’occasion d’une audition au Congrès, le général Glen VanHerck, patron du commandement Nord des États-Unis et du NORAD [Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord] avait également souligné la hausse de l’activité aérienne russe dans sa zone de responsabilité, insistant sur le fait que les interceptions étaient désormais « plus complexes » que par le passé.

L’une de ces difficultés est que les bombardiers et autres avions de patrouille maritime russes peuvent rester pendant plusieurs heures dans l’ADIZ de l’Alaska, ce qui, conjugué au nombre de missions qu’ils y effectuent, met la pression sur les unités de l’US Air Force, en particulier celles qui, basées à Elmendorf, sont dotées de F-22A Raptor.

« Nos unités la gèrent très efficacement cette pression », a assuré le général Krumm devant l’Air Force Association. « Le F-22 est le meilleur avion de supériorité aérienne que nous ayons », a-t-il poursuivi. Cependant, a-t-il admis, ces interceptions ont un « certain coût ».

Que les forces aériennes russes aient accru leurs activités dans les environs de l’Alaska n’a effectivement rien d’anodin : cela leur permet d’user le potentiel des F-22A Raptor, que l’US Air Force cherche à préserver, étant donné qu’elle n’en dispose que 123 exemplaires en première ligne [29 autres sont affectés à la transformation des pilotes, 16 servent à effectuer des essais et 17 ont été placés en réserve pour compenser les éventuelles pertes, ndlr]. Qui plus est, il lui faut prendre en compte les soucis de disponibilité.

Même si elle dispose d’une seconde base en Alaska, avec Eielson Air Force Base, qui abrite des F-16 pouvant parfaitement assurer des missions de police du ciel, l’US Air Force cherche des solutions pour recentrer ses F-22A Raptor sur des tâches « plus complexes ». Ce sera d’ailleurs l’enjeu de l’exercice Nothern Edge qui, devant débuter le 3 mai, impliquera pour la première le nouveau F-15EX Eagle II.

Photo : NORAD

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