La Chine dénonce les activités d’un navire militaire américain près du porte-avions CNS Liaoning

Le 16 avril, le président américain, Joe Biden, a reçu le Premier ministre japonais, Yoshihide Suga, à la Maison Blanche. Une occasion pour réaffirmer l’alliance entre les États-Unis et le Japon, notamment dans le domaine militaire.

« Nous sommes résolus à travailler ensemble pour relever les défis posés par la Chine et sur des problématiques telles que celle de la mer de Chine orientale, de la mer de Chine méridionale, mais aussi de la Corée du Nord », a ainsi déclaré M. Biden. « Nous travaillons ensemble pour démontrer que les démocraties peuvent gagner les compétitions du XXIe siècle en apportant des résultats pour leurs peuples », a-t-il insisté.

Quant au chef du gouvernement nippon, il a assuré que Tokyo et Washington s’opposeraient « à toute tentative » chinoise pour « changer le statu quo par la force ou l’intimidation dans les mers de Chine mériodionale et orientale ».

Sur ce point, le Japon est directement concerné étant donné que Pékin a des visées sur les îles Senkaku… D’ailleurs, ces dernières figurent en toutes lettres dans la déclaration conjointe publiée à l’issue de l’entretien entre MM. Biden et Suga.

« Les États-Unis ont réaffirmé leur soutien indéfectible à la défense du Japon dans le cadre du Traité de coopération mutuelle et de sécurité […], en utilisant toute leur gamme de capacités, y compris le nucléaire. Il a également été réaffirmé le fait que l’article V du Traité s’applique aux îles Senkaku. Ensemble, nous nous opposons à toute action unilatérale visant à saper l’administration japonaise des îles Senkaku », peut-on en effet y lire.

Seulement, cette déclaration n’a visiblement pas impressionné la Chine. Le 25 avril, la garde côtière chinoise, désormais autorisée à faire usage de la force sans sommation contre tout navire répéré dans les eaux placées sous sa juridiction, a annoncé avoir envoyé des patrouilleurs dans les environs des iles Diaoyu [nom chinois des îles Senkaku, ndlr]. Et cela, pour la première fois depuis la déclaration conjointe de MM. Biden et Suga.

« La patrouille de la garde-côte chinoise dans les eaux territoriales des îles Diaoyu est une marque de la souveraineté de la Chine sur cet archipel, qui ne sera pas ébranlée par la déclaration conjointe américano-japonaise », a commenté Song Zhongping, un expert militaire du Global Times, quotidien proche du Parti communiste chinois.

Mais les choses n’en sont pas restées là. Le 27 avril, les forces d’autodéfense japonaises ont signalé le passage du groupe aéronaval chinois formé autour du porte-avions CNS Liaoning dans le détroit de Miyako, qui fait le lien entre la mer des Philippines et la mer de Chine orientale.

Mais le porte-avions chinois n’a pas fait que passer : l’un de ses hélicoptères Z-18 a en effet été repéré dans les environs des îles Senkaku. « Les récents mouvements du groupe aéronaval [chinois] -sont des avertissements pour le Japon », commenté le Global Times.

Cela étant, la veille, des images prises par satellites et diffusés sur les réseaux sociaux ont suggéré que le CNS Lioaning était suivi de près par un destroyer américain appartenant à la classe Arleigh Burke, alors qu’il se trouvait encore en mer des Philippines. Et il se serait même retrouvé presque au milieu du groupe aéronaval chinois, précédant un navire de soutien de type 901 et suivant une frégate de type 054A et un destroyer de type 052D.

A priori, ce navire de l’US Navy, alors non identifié, aurait commencé sa surveillance du CNS Liaoning quand ce dernier effectuait des exercices près des îles Paracel, en mer de Chine méridionale, le 23 avril. C’est, en tout cas, ce que laisse deviner une vidéo publiée par un pêcheur chinois [et diffusée par Newsweek].

Mais il se pourrait bien que le navire en question soit l’USS Mustin, qui avait déjà pris « en filature » le groupe aéronaval chinois quand ce dernier avait emprunté le détroit de Miyako, à la mi-avril, pour des exercices au large des côtes orientale de Taïwan.

En tout cas, c’est ce que suggère le ministère chinois de la Défense, qui a adressé une mise en garde au Pentagone, ce 29 avril. En effet, son porte-parole, le colonel Wu Qian, a dénoncé les manoeuvres de l’USS Mustin près du porte-avions Liaoning et de son escorte. Manoeuvres qui, selon lui, ont « gravement perturbé la navigation et la sécurité ».

D’ailleurs, les « navires de guerre chinois ont averti le bâtiment américain et le ministère chinois de la Défense a protesté auprès des États-Unis », a déclaré le colonel Wu. « Ce sont les Américains qui ont violé les règles et les réglementations connexes dont sont convenus les deux pays. Et si un accident devait se produire, les États-Unis seraient responsables », a fait valoir Song Zhongping.

Poutant, dans un article du Global Times publié le 18 avril, un analyste militaire chinoise ayant souhaité rester anonyme avait assuré que, « malgré la présence du navire américain, le Liaoning avait poursuivi ses opérations comme d’habitude ». Et d’ajouter que cela montrait « la confiance et les compétences des marins et des pilotes, ainsi que leur niveau élevé de préparation au combat. »

Quoi qu’il en soit, Pékin a exhorté Washington à maîtriser ses « forces de premières lignes » qui seraient désormais « plus actives dans les airs et sur les mers » depuis l’investiture de Joe Biden. Ainsi, l’activité des navires de l’US Navy dans les eaux revendiquées par la Chine auraient augmenté de 20% tandis que le nombre de vols de reconnaissances américains aurait bondi de 40%.

« Nous exhortons la partie américaine à restreindre strictement ses forces de première ligne, à respecter […] les règles pour la sécurité […] et les réglementations internationales pour prévenir les abordages en mer, et à empêcher que des incidents dangereux ne se reproduisent », a déclaré le colonel Wu.

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