Pour un responsable australien, les « nations libres entendent à nouveau les battements des tambours de la guerre »

Tensions autour de Taïwan, militarisation de la mer de Chine méridionale, les différends frontaliers entre Pékin et New Delhi, une Corée du Nord qui relance ses activités nucléaires, disputes et autres convoitises territoriales, terrorisme d’inspiration jihadiste, etc… les nuages noirs s’accumulent dans la région Indo-Pacifique, avec un risque « d’erreur de calcul » de plus en plus élevé. Ce que n’ont pas manqué de relever certains responsables australiens, à l’occasion de l’Anzac Day, le 25 avril.

Ainsi, le nouveau ministre australien de la Défense, Peter Dutton, s’est inquiété d’un possible conflit impiquant la Chine et Taïwan, ce qui a par ailleurs valu un rappel à l’ordre immédiat de Pékin. « On espère que la partie australienne reconnaîtra pleinement la grande sensibilité de la question de Taïwan, respecteta le principe d’une seule Chine, sera prudente dans ses paroles et ses actes tout en s’abstenant d’envoyer de faux signaux aux forces séparatistes taïwanaises », a déclaré, Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, le 26 avril.

Pressenti pour rejoindre M. Dutton au ministère de la Défense, l’actuel secrétaire d’État aux affaires intérieures, Mike Pezzullo, n’a pas fait preuve d’un grand optimisme dans un message publié le jour de l’Anzac Day. S’appuyant sur des citations des généraux américains Douglas MacArthur et Dwight D. Eisenhower [qui sera président des États-Unis entre 1953 et 1961, ndlr], il a en effet estimé que l’Australie devait se tenir prête à « envoyer, une fois de plus, [ses] guerriers au combat. »

« Tout au long de sa présidence, [le général] Eisenhower a inculqué aux nations libres la conviction que tant que persiste la menace de la tyrannie contre la liberté, elles doivent rester armées, fortes et prêtes pour la guerre, alors même qu’elles déplorent la malédiction de la guerre », a rappelé M. Pezzullo.

« Dans un monde de tension et de terreur perpétuelles, on entend battre les tambours de guerre, parfois faiblement et au loin et à d’autres moments plus fortement et de plus en plus près », a continué le responsable australien. Or, aujourd’hui, a-t-il poursuivi, les « nations libres entendent à nouveau les battements de tambours et regardent avec inquiétude la militarisation de problèmes que nous pensions, jusqu’à ces dernières années, peu susceptibles d’être des catalyseurs de guerre. »

Cela étant, pour M. Pezzullo, il faut continuer « à chercher sans cesse les chances de paix, tout en nous préparant à nouveau, encore une fois, à la malédiction de la guerre. » Car, a-t-il ajouté, s’il faut tout faire « pour réduire les risques de guerre », cela ne doit pas être « au prix de notre précieuse liberté.  »

« La guerre pourrait bien être de la folie, mais la plus grande folie est de vouloir éloigner la malédiction en refusant d’y réfléchir et d’y prêter attention, comme si, ce faisant, la guerre pourrait nous laisser, nous oubliant peut-être », a conclu M. Pezzullo.

Alors que ses relations avec la Chine se sont passablement dégradées au cours de ces dernières années, l’Australie a mis à jour son livre blanc sur la Défense en juillet 2020, afin justement de mieux prendre en compte les évolutions constatées dans la région Indo-Pacifique… et contrer la puissance chinoise. Au cours de la prochaine décennie, Canberra prévoit ainsi d’investir 166 milliards d’euros pour renforcer ses capacités militaires, ce qui représente un hausse de +40% de ses dépenses de défense.

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