La Grèce envisagerait l’achat de six avions Rafale supplémentaires

La Grèce et la Turquie sont encore loin de trouver un accord sur leurs différends. En témoigne le vif échange qu’ont eu leurs ministres des Affaires étrangères, à savoir Nikos Dendias et Mevlut Cavusoglu, à l’issue d’une rencontre pourtant censée consolider le dialogue entre les deux pays, notamment après les tensions de ces derniers mois en Méditerranée orientale, où Ankara prospecte des gisements gaziers dans des zones maritimes revendiquées par la Grèce et la République de Chypre.

« La position de la Grèce est claire et ce n’est pas la première fois que vous l’entendez : la Turquie a violé en mer Egée et à la Méditerranée orientale le droit international et la convention [internationale] de la mer et les droits même souverains de la Grèce, la Turquie a effectué 400 vols au-dessus du sol grec », a lancé M. Dendias. « Nous avons nos divergences sur ces sujets mais si vous venez ici pour accuser la Turquie alors que étions convenu de discuter de ces dossiers, je suis obligé de répondre », a rétorqué M. Cavusoglu, après avoir répété que les activités turques visaient à « protéger les intérêts de la Turquie et des Chypriotes-turcs ».

Encore récemment, les autorités turques ont émis une notice maritime [NAVTEX] contre la présence du navire océanographique français Atalante dans une zone qui, située au sud-est de la Crète, est revendiquée par Ankara sur la base de son accord sur ses frontières maritime, signé avec Tripoli en novembre 2019. Accord considéré juridiquement non valable.

Quoi qu’il en soit, ces tensions en Méditerranée orientale ont conduit le gouvenement grec à lancer un vaste plan de modernisation des capacités de ses forces armées. C’est dans le cadre de ce dernier qu’Athènes a signé un commande portant sur la livraison de 18 avions de combat Rafale [dont 12 d’occasion prélevés sur la flotte de l’armée de l’Air & de l’Espace et 6 neufs] pour une valeur totale de 2,35 milliards d’euros [soutien et armement compris].

Par ailleurs, le ministre grec de la Défense, Nikolaos Panagiotopoulos, évoqua un possible achat d’avions de 5e génération F-35A auprès des États-Unis. Et de préciser une possible commande de 22 exemplaires, afin de doter la force aérienne grecque de 40 nouveaux appareils au total. En outre, il confirma la poursuite de du programme de conversion d’une partie de ses F-16 au standard « Viper ». « Pour les sept prochaine années, nous transformerons 8 à 12 F-16 en Viper par an », avait-il précisé.

Cela étant, s’agissant de l’acquisition de nouveaux avions de combat, le gouvernement grec serait en train de revoir ses plans, à en croire les informations de l’hebdomadaire ProtoThema, qui s’appuie sur plusieurs sources.

Ainsi, il serait question d’une commande de six Rafale F3R supplémentaires afin de former un escadron à 24 exemplaires, qui, estiment les « responsables gouvernementaux chargés d’étudier et de mettre en œuvre les décisions » sur l’équipement des forces armées, deviendrait ainsi le « fer de lance » de l’aviation de combat grecque, notamment grâce aux armements qu’il sera en mesure de mettre en oeuvre, dont le missile air-air Meteor qui, associé au radar AESA RBE2, lui permettra d’engager des cibles volant à une centaine de kilomètres de distance.

« Sur la base du prix pour l’achat des 12 Rafale d’occasion et des 6 autres neufs, on estime que la décision d’acquérir six appareils français supplémentaires coûtera à l’État environ 800 millions d’euros », écrit ProtoThema.

Pour le moment, les quatre premiers futurs pilotes grecs de Rafale – qui seront à leur tour des instructeurs – poursuivent leur formation en France, les six premiers appareils – d’occasion – devant être livrés au 332e escadron dès cette année. Puis suivront six avions neuf en 2022, puis les six derniers exemplaires de seconde main en 2023.

Reste à voir comment Athènes financera une nouvelle commande de Rafale, sachant que la modernisation des F-16 se poursuivra, que la marine grecque attend quatre nouvelles frégates [et la rénovation de deux autres] et que les capacités des forces terrestres doivent être renouvelés, en particulier dans le domaine des blindés médians. Aussi, il se pourrait que le projet d’acquérir des F-35A en fasse les frais. D’ailleurs, le chasseur-bombardier de Lockheed-Martin n’est même pas évoqué par ProtoThema.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]