Selon l’Union européenne, environ 100.000 soldats russes seraient déployés près de frontière ukrainienne [MàJ]

Quel est le volume des forces russes qui a été déplacé aux abors de la frontière avec l’Ukraine au cours de ces derniers jours? Moscou a répondu à cette question par la voix de son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou. « Deux armées et trois unités aéroportées ont été transférées en trois semaines », a-t-il en effet indiqué, le 16 avril. Et de préciser qu’il s’agissait ainsi de « réagir aux activités militaires menaçantes de l’Otan » en prenant en conséquence des « mesures appropriées ».

Évidemment, les effectifs déplacés s’ajoutent aux unités russes affectées en Crimée. D’où l’estimation avancée par le Pentagone, qui avance le chiffre de 40.000 soldats. Soit un niveau comparable à celui qui avait été observé au déclenchement du conflit dans le Donbass, où ses séparatistes pro-russes sont aux prises avec les forces gouvernementales ukrainiennes depuis 2014.

À Kiev, on estime que 90.000 soldats russes ont été déployés. Et que leur nombre pourrait grimper à 110.000. C’est en effet ce qu’a affirmé l’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne, Andrij Melnyk, lors d’un entretien donné à la radio Deutschlandfunk, la semaine passée. Cette estimation, a-t-il dit, repose sur les informations des services de renseignement ukranien.

Mais, ce 19 avril, Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, a livré des chiffres encore plus élevés.

« Il y a un risque d’escalade avec le déploiement de 150.000 militaires russes à la frontière avec l’Ukraine. Il s’agit du déploiement le plus massif auquel nous ayons jamais assisté. C’est préoccupant. On n’est pas à l’abri d’un incident », a en effet déclaré M. Borrell, à l’issue d’une visio-conférence avec les ministres des Affaires étrangères de 27 États membres de l’UE, ainsi qu’avec Dmytro Kouleba, le chef de la diplomatie ukranienne. « Ce renforcement militaire doit cesser et nous demandons à la Russie la désescalade », a-t-il insisté.

Cela étant, M. Borrell n’a pas précisé l’origine de son évaluation concernant les forces russes déployées aux abords de l’Ukraine… Cependant, le Service européen pour l’action extérieure [EEAS], placé sous son autorité, dipose d’un d’un service de renseignement, à savoir l’INTCENT [Centre de situation et du renseignement de l’Union européenne, ndlr]. Ce dernier a pour mission de « fusionner » le renseignement provenant du Centre satellitaire de l’Union européenne [SATCEN], des services nationaux des États membres [du moins, ceux que ces derniers veulent bien partager] et les missions de l’UE dans le cadre de la Politique de sécurité et de défense commune [PSDC].

À moins que le chiffre avancé par M. Borrell lui ait été soufflé par Dmytro Kouleba, étant donné que ce dernier a informé ses homologues de la situation aux frontières de son pays. Via twitter, le ministre ukrainien a indiqué avoir proposé un « plan étape par étape sur la manière de décourager Moscou de poursuivre l’escalade », reposant sur la « préparation d’une nouvelle série de sanctions sectorielles », les « sanctions individuelles n’étant plus suffisantes. »

Seulement, pour M. Borrell, il n’est pas question d’aller dans cette voie. « On ne s’achemine pas pour le moment vers de nouvelles sanctions. Ce n’est pas encore ce qui se dessine », a-t-il dit. « Nous avons félicité l’Ukraine pour ses réactions mesurées et nous avons soutenu la souveraineté et l’intégrité de son territoire. L’UE ne reconnaitra pas l’annexion de la Crimée » par la Russie, a-t-il conclu.

S’agissant des sanctions, le président Macron a dit être prêt à en prendre qu’en cas de « comportement inacceptable » de la Russie.

« Je pense qu’après un comportement inacceptable, en effet, nous devons sanctionner », a en effet déclaré M. Macron, dans un entretien diffusé le 18 avril par la chaîne de télévision américiane CBS. « Et je pense que nous devons définir de claires lignes rouges avec la Russie », a-t-il continué, estimant que les sanctions seules « ne sont pas suffisantes » et qu’un « dialogue constructif est préférable ». Et d’insister : « Nous avons besoin d’un dialogue franc et ouvert avec la Russie. »

Quoi qu’il en soit, le commandant suprême des forces alliées en Europe [SACEUR], le général Tod Wolters, ne pense pas qu’une invasion de l’Ukraine soit « imminente ». Le risque est « faible à moyen » pour les prochaines semaines, a-t-il récemment dit lors d’une audition au Congrès.

MàJ : Dans le compte-rendu de la réunion, les services de M. Borrell ont corrigé l’estimation donnée par ce dernier au sujet des effectifs militaires russes, en la portant à 100.000 soldats au lieu de 150.000. Aucune explication n’a été donnée sur cette correction.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]