L’armée tchadienne dit avoir tué plus de 300 rebelles dans le nord du pays

Sur fond de tensions concernant l’exploitation de l’or, la région du Tibesti est en proie à une instabilité nourrie par les incursions de formations rebelles tchadiennes ayant établi leurs bases arrières dans le sud de la Libye. Ainsi, en août 2018, pour le 58e anniversaire de l’indépendance du Tchad, le Conseil de Commandement militaire pour le salut de la République [CCMSR] avait ainsi lancé une offensive vers la localité de Kouri Bourgri, avant d’être à son tour attaqué par le Mouvement pour la justice et l’égalité [MEJ], un groupe armé soudanais soutenu par N’Djamena.

Puis, en février 2019, les forces françaises furent sollicitées par les autorités tchadiennes pour mettre un coup d’arrêt à la progression de des combattants de l’Union des forces de résistance [UFR], entre le Tibesti et l’Ennedi. Ce qui fut fait, avec deux raids aériens effectués par des Mirage 2000.

L’évolution de la situation politique en Libye et, surtout, l’élection présidentielle tchadienne du 11 avril ont relancé les hostilités. Ainsi, huit groupes rebelles tchadiens, dont le CCMSR, ont annoncé former une nouvelle coalition, appelée « Conseil national pour le changement ». Puis, quelques jours plus tard, ils ont fait part de leur intention de marcher en direction de Faya Largeau, dans le Tibesti, avec 500 combattants ayant pris place à bord d’une centaine de véhicules.

On ignore où en est exactement cette « offensive ». Selon l’armée tchadienne, elle aurait été « traitée » par des frappes aériennes effectuées près des secteurs de Wour et de Zouar, le 12 avril. Mais, a priori, ce serait un autre groupe rebelle qui aurait été visé.

En effet, créé en 2016 suite à une dissidence avec l’ex-Union des forces pour la démocratie et le développement [UFDD], qui manqua de renverser le président Déby en 2008, le Front pour l’alternance et la concorde du Tchad [FACT] a aussi lancé une offensive depuis la Libye en direction du Tibesti. Le 13 avril, son chef, Mahamat Mahdi Ali, a assuré avoir pris le contrôle des localités de Zouarké et Wour situées à 400 km de la frontière libyenne.

En outre, a rapporté RFI, le chef du FACT a dénoncé le survol de ses troupes par des avions militaires français, qu’il a accusés de livrer des renseignements aux forces tchadiennes. Ce qui ne peut pas être confirmé pour le moment.

Alors que les ambassades des États-Unis et du Royaume-Uni à N’Djamena ont demandé à leurs ressortissants respectifs de quitter le pays et que la France a formellement déconseillé tout déplacement en dehors de la capitale tchadienne, un premier « contact » au sol a eu lieu entre les combattants du FACT et les 2.000 soldats de l’armée tchadienne envoyés à leur rencontre, le 17 avril, à Zigueï, à environ 200 km au nord de la localité de Mao, dans la province du Kanem.

« Nous les suivions depuis vendredi quand ils ont été signalés à Birr Dom, mais ils sont partis très tôt samedi en direction du sud. Nous les avons poursuivis sur plusieurs centaines de kilomètres avant de les retrouver là où a eu lieu l’accrochage, qui a duré près de deux heures », a expliqué un officier tchadien, à RFI.

Le combat a rapidement tourné à l’avantage de l’armée tchadienne, mieux équipée. « Côté ennemi, plus de 300 rebelles ont été neutralisés » et 150 autres ont été faits prisonniers, dont trois hauts responsables, a ainsi indiqué le général Azem Bermandoa Agouna, un porte-parole. Ce dernier a fait état de cinq tués et de 36 blessés « côté ami ». Et d’ajouter : « Le ratissage continue ».

Pour sa part, le FACT a assuré, le 18 avril, avoir « procédé à la libération de la région du Kanem ». Sur les réseaux sociaux, la guerre « informationnelle » bat son plein, avec une avalanche d’infox et de photographies anciennes diffusées par certains médias proches la rébellion.

Quoi qu’il en soit, le FACT, à dominante gorane [une ethnie du Sahara, ndlr], a reçu le soutien de l’Union des forces de la Résistance [UFR], un autre groupe armé tchadien composé de combattants issus de l’ethnie zagawa, c’est à dire celle du président Déby Itno. « L’UFR lance un appel à toutes les forces vives de la nation [à] soutenir par leurs multiples apports l’action en cours pour bouter ce régime hors du Tchad », a en effet indiqué son porte-parole Youssouf Hamid, le 18 avril.

Photo : Archive

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