Un groupe aéronaval chinois aux capacités accrues s’est déployé entre Taïwan et le Japon pour des exercices

L’an passé, et alors que les porte-avions américains USS Theodore Roosevelt et USS Ronald Reagan étaient hors de combat en raison de l’épidémie de covid-19, la marine chinoise était alors la seule à pouvoir déployer un groupe aéronaval dans la région Asie-Pacifique, en particulier en mer de Chine. Ce qu’elle ne se priva pas de faire, en envoyant le CNS Liaoning et son escorte naviguer dans le détroit de Miyako pour ensuite mener des exercices au large des côtes orientales de Taïwan.

Cette année, l’USS Theodore Roosevelt est pleinement opérationnel. Et, ces derniers jours, il a pris part à des manoeuvres avec la marine indienne avant de mettre le cap vers la Malaisie, où il se trouve actuellement. Quant à la marine chinoise, elle a de nouveau envoyé un groupe aéronaval formé autour du porte-avions CNS Liaoning dans le détroit de Miyako, le 4 avril. Mais des capacités accrues par rapport à la dernière fois.

En effet, selon le ministère japonais de la Défense, qui l’a suivi de près, outre le CNS Liaoning, le groupe aéronaval chinois se compose de deux contre-torpilleurs de type 052D, d’une frégate de Type 054A, d’un navire de soutien de Type 901 et, surtout, pour la première fois, du Nanchang, un croiseur de Type 055 « Renhai », doté de 112 cellules de lancement vertical [64 à l’avant, 48 à l’arrière] pour différents types de missiles.

Affichant un déplacement de 10.000 tonnes, ce navire est aussi équipé d’un radar AESA [à antenne active] multi-fonctions type 346B, d’un radar de tir AESA X-Band, de brouilleurs, de radars passifs, de lance-leurre type 726-4 et de deux sonars [un, volumineux, de proue, l’autre, à basse fréquence, remorqué].

Il est probable qu’un sous-marin d’attaque fasse partie de ce groupe aéronaval chinois, qui a par ailleurs été accompagné par un avion de patrouille maritime Shaanxi Y-9 durant son passage dans le détroit de Miyako.

Désormais, ce groupe aéronaval a deux possibilités : il est en position pour se rendre en mer des Philippines, où Manille dénonce la présence de bateaux de la milice maritime chinoise dans les environs du récif « Julian Felipe » [ou Whitsun Reef], ou pour effectuer de nouvelles manoeuvres au large de Taïwan, tout en envoyant le message aux États-Unis et au Japon que la Chine est en mesure de bloquer des initiatives visant à se porter au secours de l’île, considérée comme rebelle à Pékin.

Mais c’est la seconde option qui est privilégiée pour le moment. « Le groupe du CNS Liaoning effectue des exercices de routine dans les eaux proches de Taïwan », a en effet indiqué la marine chinoise. L’objectif est de « renforcer la capacité à préserver la souveraineté nationale et la sécurité », a-t-elle expliqué. Et d’ajouter : « Des exercices similaires seront menés régulièrement à l’avenir. »

Cet exercice concerne « les sécessionnistes de Taïwan » et non un « pays en particulier. Mais les États-Unis doivent comprendre que l’activité de leurs navires de guerres aux portes de la Chine [et donc près de Taïwan, ndlr] ne leur donneront aucun avantage sur l’Armée populaire de libération [APL] », ont fait valoir des analystes militaires cités par le Global Times, quotidien proche du Parti communiste chinois [PCC].

Le croiseur de Type 055 « peut non seulement fournir au groupe aéronaval une solide défense aérienne mais aussi utiliser ses missiles anti-navires et de croisière pour lancer des attaques avec les avions de combat J-15 du CNS Liaoning », a souligné l’un d’entre-eux.

Plus généralement, le détroit de Miyako, situé au sud-ouest d’Okinawa et donc dans la zone économique exclusive [ZEE] japonaise, est d’une importance cruciale pour la marine chinoise dans les mesure où il est une voie d’accès lui permettant de se déployer au-delà de ce l’on appelle la « première chaîne d’îles », qui comprend le Japon, la Corée du Sud, Taïwan et les Philippines, et à la hauteur de la « seconde chaîne d’îles », qui va du sud de l’archipel nippon aux îles Marshall [et donc Guam, où les forces américaines disposent d’une importante base].

Or, Pékin estime que ces deux chaînes d’îles constituent sa « zone de responsabilité immédiate ».

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