L’Ukraine veut accélérer le processus d’adhésion à l’Otan pour envoyer un « vrai signal » à la Russie

Après les États-Unis et l’Union européenne, c’est au tour de l’Otan de faire officiellement part de « sa grave préoccupation » au sujet des importants mouvements de troupes russes observés près de l’Ukraine, alors que la situation semble continuer à se détériorier dans le Donbass [sud-est du pays], où des séparatistes pro-russes défient les forces gouvernementales ukrainiennes.

« J’ai appelé le président [ukrainien] Zelensky pour exprimer ma grave préoccupation concernant les activités militaires de la Russie en Ukraine et dans ses environs et les violations du cessez-le-feu [dans le Donbass, nldr]. L’Otan soutient fermement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Nous restons attachés à notre partenariat étroit », a en effet affirmé Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance, via Twitter.

Depuis quelques jours, des unités russes se déploient selon trois directions, à savoir la frontière nord de l’Ukraine, le Donbass et la Crimée. Et cela conduit le Pentagone à placer les forces américaines présentes en Europe au niveau d’alerte « Crise imminente potentielle ». À Moscou, on fait valoir que ces mouvements de troupes ne sont pas une « menace » tout en accusant Kiev de « prendre des mesures conduisant à la guerre. » Et le Kremlin a prévenu que la Russie ferait le nécessaire « en cas d’ingérence militaire occidentale. »

Lors d’un point presse, le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, a déclaré que les États-Unis pourraient être préoccupés par « tout effort de Moscou visant à intimider Kiev, que cela se produise sur le territoire russe ou en Ukraine. »

C’est dans ce contexte que le président Zelensky a remis sur la table une revendication ancienne : l’adhésion de son pays à l’Otan, qui reste un « objectif stratégique ». En 2008, la candidature de l’Ukraine avait été rejetée, avec celle de la Géorgie, en raison de l’opposition de la France et de l’Allemagne, qui sont du reste actuellement impliquées dans la négociations concernant le Donbass.

« L’Otan est la seule voie vers la fin de la guerre dans Donbass », a ainsi fait valoir le président ukrainien, après son entretien avec M. Stoltenberg. « Le Plan d’action pour l’adhésion sera un vrai signal à la Russie », a-t-il insisté.

Avant de pouvoir être accepté au sein de l’Otan, un pays candidat doit d’abord intégrer le « Plan d’action en vue de l’adhésion » [MAP], qui est une sorte de feuille de route à suivre scrupuleusement. Cela suppose de mener des réformes dans les domaines politiques, juridiques, économiques et, évidemment, militaires. Cette étape ne garantit pas pour autant que l’adhésion est acquise. Cela étant, l’Ukraine et l’Otan ont établi une coopération dès 1994, avec l’admission de Kiev au programme de « Partenariat pour la paix » [PPP].

Cette coopération n’a cessé de prendre de l’ampleur depuis. Et, en juin dernier, l’Ukraine a obtenu le statut de partenaire « nouvelles opportunités » et participe au processus de planification et d’examen [PARP] de l’Otan.

Reste que la réaction de Moscou aux propos du président ukrainien a été immédiate. « Nous doutons fort que cela puisse aider l’Ukraine à régler son problème intérieur. De notre point de vue, cela aggravera encore la situation », a rétorqué Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

Le président du comité des Affaires étrangères de la Douma [chambre basse du Parlement russe], Leonid Slutsky, a été encore plus direct. « L’entrée ‘forcée’ de l’Ukraine dans l’Otan, quelle que soit la phase où en est le conflit interne ukrainien ou l’opinion des gens, y compris celle des habitants du Donbass, est l’ultime provocation de ces derniers jours », a-t-il dit, selon l’agence TASS. « Une telle position ne ramènera pas Donetsk et Louhansk [deux villes du Donbass contrôlées par les séparatistes pro-russes, ndlr] dans la zone d’influence de Kiev mais elle peut, au contraire, conduire à une scénario à la yougoslave », a-t-il prévenu, en référence à l’éclatement de la fédération de Yougoslavie dans les années 1990.

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