Otan : Les sous-marins allemands utilisent des systèmes de navigation d’origine russe

En 2005, alors que Gerhard Schröder était encore chancelier avant de siéger au conseil d’administration du projet de gazoduc Nord Stream 2, de la société russe Gazprom, le ministère allemand de la Défense passa commande de systèmes de navigation auprès l’entreprise russe Transas afin d’en équiper les navires de la Deutsche Marine.

Ce marché n’ayant pas été rompu par la suite, il se trouve que les six sous-marins allemands de type U-212A disposent chacun actuellement d’un système de visualisation des cartes électroniques et d’information [SECDIS] « Navi Sailor 4100 » fourni par Transas. C’est en effet ce qu’a affirmé le journal BILD am SONNTAG, dans sa dernière édition.

S’il est relativement facile de connaître la position d’un navire de surface, il en va évidemment tout autrement pour un sous-marin, dont les mouvements sont généralement confidentiels. D’où la polémique suscitée outre-Rhin par cette révélation, à l’heure où, au sein de l’Otan, on s’inquiète de l’activité sans cesse croissante des sous-marins russes.

« Bien sûr, nous craignons que nos données ne soient exploitées, par exemple, par des services de renseignement étrangers », a confié un officier de marine au journal.

Ce dernier a par ailleurs indiqué que l’Office fédéral de protection de la constitution, c’est à dire le contre-espionnage allemand, avait émis une note durant l’été 2020 pour avenir que les « systèmes de navigation maritime » pouvaient constituer « des vecteurs d’attaque d’espionnage et de sabotage par des États étrangers. » Et d’ajouter que, en cas de cyberattaque, « les données de navigation pourraient être exploitées et manipulées, jusqu’à la perte totale des fonctionnalités du navire dans le pire des cas. »

Cela étant, la société Transas a été rachetée par le groupe finlandais Wärtsilä en 2018, pour 210 millions d’euros. Du moins en partie… car les activités défense étaient exclues de la transaction.

La division « Défense » de Transas a équipé la marine russe en simulateurs de combat et en systèmes de navigation. Ce qui lui a d’ailleurs valu une récompense remise par le général Nikolai Makarov, chef d’état-major des forces armées russes entre 2007 et 2012.

S’agissant des activités civiles, les bureaux de l’une des filiale installée à Saint-Pertersbourg [Transas Navigator] furent perquisitionnés durant sept heures par le FSB en octobre 2019, le service russe s’étant intéressé aux bases de données de l’entreprise. « Sur la base de nos connaissances actuelles, les autorités s’intéressent à un client russe particulier. La direction locale coopère pleinement avec les autorités. Les informations partagées avec les autorités sont limitées à ce client spécifique », avait expliqué un porte-parole de Wärtsilä

Quoi qu’il en soit, le « Navi Sailor 4100 » ne correspond pas aux normes de sécurité militaires, souligne le journal allemand. Aussi, la présence de cet équipement à bord des navires de la Deutsche Marine préoccupe certains députés du Bundestag, lesquels ont appelé la commission de la Défense à se saisir de la question pour discuter des risques potentiels.

Cette affaire survient alors que, la Norvège, qui a récemment confirmé son intention de se procurer quatre sous-marins U212D auprès de l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems, a bloqué le projet de Rolls Royce visant à vendre au groupe russe TMH sa filiale norvégienne Bergen Engines, spécialiste des moteurs pour bateaux.

Les savoir-faire et la technologie de Bergen Engines auraient d’une « grande importance militaire pour la Russie » et sa vente à TMH seraient donc « clairement contraires aux intérêts de la politique de sécurité norvégienne et alliée », a fait valoir Oslo.

Photo : Deutsche Marine

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