Une tentative de coup d’État militaire mise en échec au Niger

Depuis qu’il a obtenu son indépendance, en 1960, le Niger a connu pas moins de quatre coups d’État militaires, le dernier ayant eu lieu en février 2010, avec la destitution du président Mahamadou Tandja. Jamais, dans l’histoire politique du pays, deux présidents démocratiquement élus se sont succédé.

Aussi, le passage de témoin entre Mahamadou Issoufou et Mohamed Bazoum, élu avec plus de 55% en février dernier, sera inédit. Mais il a bien failli ne pas avoir lieu… un groupe de militaires ayant tenté de s’emparer du pouvoir dans la nuit du 30 au 31 mars, soit deux jours avant l’investiture du futur président.

Selon des témoins cités par l’AFP, le quartier de la présidence, à Niamey, a été le théâtre de « tirs intenses ».

« La nuit a été courte, c’était vers 03h00 [02h00 GMT], nous avons entendu des tirs d’armes lourdes et légères et cela a duré quinze minutes avant de cesser, suivis de tirs à l’arme légère, tout a ensuite cessé », a raconté l’un d’eux. « Les tirs ont duré une vingtaine de minutes », a confirmé un autre.

Une source sécuritaire a indiqué par la suite qu’il y avait eu des « arrestations parmi les quelques éléments de l’armée qui sont à l’origine de cette tentative de coup d’État. » Et d’expliquer : « Ce groupe de militaires n’a pas pu s’approcher du palais présidentiel lorsque la Garde présidentielle a riposté ». La situation serait désormais sous contrôle.

A priori, les militaires séditieux seraient venus de la base aérienne de Niamey à bord de trois pick-up. D’après RFI, leur chef serait le capitaine Gourouza. Les autorités nigériennes devraient en dire davantage d’ici quelques heures.

Cette tentative de coup d’État, survenue quelques mois après celle – réussie – au Mali, risque de susciter de la méfiance du pouvoir civil à l’égard des forces armées, dont l’effectif doit doubler d’ici cinq ans. Et cela, alors que le pays est confronté à des massacres de masse commis vraisemblablement par l’État islamique au grand Sahara [EIGS] dans la région dite des trois frontières. Le dernier a faut 141 tués, le 21 mars. En outre, Niamey doit également faire face, dans le sud, à la menace incarnée par les groupes jihadistes nigérians, comme Boko Haram et l’ISWAP [État islamique en Afrique de l’Ouest].

Cela étant, la victoire de M. Bazoum, par ailleurs proche du président sortant, est toujours contestée par l’opposition. Son rival l’ex-président Mahamane Ousmane conteste encore les résultats de l’élection, tout en appelant à des « manifestations pacifiques » dans le pays. Et le fait que le futur chef de l’État soit issu des Oulad Souleymane, une ethnie ultra-minoritaire au Niger mais principalement présente en Libye, est exploité par certains de ses adversaires pour jeter le doute sur sa légitimité, ces derniers ayant appelé à ne pas élire un « président libyen ».

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