Les jihadistes somaliens menacent de s’en prendre aux intérêts français et américains à Djibouti

En février, le président Macron et son homologue djiboutien, Ismaël Omar Guelleh, convinrent de la « nécessité de consolider leur partenariat » dans le domaine militaire, via une déclaration d’intention « portant sur les principes encadrant la renégociation à venir du Traité de coopération en matière de défense entre la France et Djibouti, lequel avait déjà été revu en 2011.

En outre, plusieurs accords de coopération dans le domaine économique furent signés. Ils « concrétisent la montée en puissance des investissements français à Djibouti, à l’image du soutien au projet d’un second aéroport dans le pays et des investissements de groupes privés français dans les domaines de l’énergie et du tourisme », avait alors indiqué la présidence française.

Seulement, ces projets sont sous la menace des jihadistes somaliens « shebab », liés à al-Qaïda. En effet, le 27 mars, leur chef, Abou Obaida Ahmad Omar, a publié une vidéo dans laquelle il s’en prend directement au président Guelleh, qui briguera un nouveau mandat le 9 avril prochain, en l’accusant d’avoir « transformé Djibouti en une base militaire d’où chaque guerre contre les musulmans en Afrique de l’Est est planifiée et exécutée. »

Et d’en appeler ses partisans à « faire des intérêts américains et français à Djibouti la priorité absolue de [leurs] cibles ».

Depuis 2002, les États-Unis disposent d’une importante base à Djibouti [le camp Lemonnier]. Base qui leur sert de plaque tournante pour leurs opérations dans la Corne de l’Afrique ainsi qu’au Yémen. En outre, en 2013, il fut décidé de transférer les activités des drones américains sur l’aérodrome de Chabelley, situé à une dizaine de kilomètres plus loin.

Quant à la France, elle maintient une présence militaire à Djibouti depuis l’indépendance, accordée en 1977. Actuellement, et même s’il a été réduit au cours de ces dernières années, le contingent qui y est affecté est le plus important de forces de présence françaises en Afrique, avec le 5e Régiment Interarmes d’outre-Mer [RIAOM], un détachement de l’Aviation légère de l’armée de Terre [DETALAT] comptant 4 hélicoptères Puma et 3 Gazelle, la base aérienne 188 [avec 4 Mirage 2000-5, 3 Puma et un avion de trasport CN-235], une base navale et le Centre d’entraînement au combat et d’aguerrissement au désert de Djibouti [CECAD].

Pour rappel, compte tenu de la position stratégique qu’occupe Djibouti [proche, notamment, du détroit de Bab el Mandeb], le pays accueille d’autres contingents étrangers. La Chine y a ainsi inaguré une base militaire et un port en 2017.

Cela étant, les intérêts français à Djibouti ont déjà été visés en 2014, avec un attentat suicide commis contre le restaurant « La Chaumière »; Le bilan avait été d’un tué [un ressortissant turc, ndlr] et d’une vingtaine de blessés [dont 7 Français, 4 Allemands, 6 Néerlandais et 3 Espagnols]. L’attaque fut revendiquée par la suite par les shebabs somaliens, lesquels affirmèrent avoir voulu viser les Français pour « leur rôle actif dans la formation et l’équipement des troupes djiboutiennes en Somalie ainsi que leur intervention croissante dans les affaires [des] terres musulmanes. »

Photo : Troupes françaises et américaines à Djibouti – D. Payet – 5e RIAOM

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