Grand Nord : Pour la première fois, trois sous-marins nucléaires russes ont simultanément fait surface en brisant la glace

Au-delà des importantes ressources naturelles qu’il recèle – et qui seront plus facilement exploitables sous l’effet du changement climatique – l’Arctique présente un intérêt militaire évident. De part sa géographie, cette région a été centrale durant la Guerre Froide. Et elle le reste encore aujourd’hui. D’où les exercices ICEX, que l’US Navy y organise tous les deux ans.

« L’Arctique est un corridor stratégique potentiel entre l’Indo-Pacifique, l’Europe et l’Amérique du Nord, dans un contexte de concurrence accrue. La force sous-marine doit rester prête en y menant des manoeuvres afin de s’assurer qu’elle sera en mesure de protéger les intérêts de sécurité nationale et de maintenir des rapports de forces favorables dans l’Indo-Pacifique et en Europe le cas échéant », avait expliqué la marine américaine, lors du lancement de l’édition 2020 de l’exercice ICEX, lequel avait impliqué deux sous-marins, dont l’USS Connecticut [classe Seawolf] et l’USS Toleno [classe Los Angeles].

Deux ans plus tôt, la Royal Navy avait rejoint cet exercice américain avec le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] HMS Trenchant [classe Trafalgar].

Si, en matière d’opérations sous-marines dans le Grand Nord, l’US Navy ouvrit la voie avec le SNA Nautilus, qui fut le premier navire à naviguer sous la banquise du pôle Nord, l’Union soviétique ne fut pas en reste, avec le SNA K3 [appelé, plus tard, « Leninski Komsomol »], qui en fit de même en 1962.

Naviguer sous la banquise [et éventuellement faire surface quand l’épaisseur de glace le permet] peut s’avérer compliqué : au voisinage du Pôle, les champs électromagnétiques sont perturbés et le fonctionnement des capteurs peut s’en trouver altéré.

Quoi qu’il en soit, et même si elle a désormais l’habitude des opérations sous-marine dans le Grand Nord , la marine russe a réalisé une première, le 26 mars, dans le cadre de « l’expédition » Umka-21. Ainsi, trois de ses sous-marins nucléaires y ont simultanément fait surface en brisant une couche de glace de 1,5 mètre d’épaisseur, dans un rayon de 300 mètres.

Le modèle des sous-marins impliqués dans cette manoeuvre n’a pas été précisé.

« Plus de 600 militaires et civils et environ 200 modèles d’armes, d’équipements militaires et spéciaux sont impliqués dans l’expédition. Toutes les activités planifiées ont lieu dans des conditions climatiques difficiles : dans la zone de l’expédition, la température moyenne est de moins 25-30 degrés Celsius, l’épaisseur de la calotte glaciaire est jusqu’à 1,5 mètres, le vent atteint 32 mètres par seconde », explique le ministère russe de la Défense.

Cette série d’exerices arctiques s’est déroulée dans les environs de l’archipel François-Joseph, de la Terre d’Alexandra et dans « zone d’eau adjacente recouverte de glace. »

En outre, l’un de ces sous-marins a procédé à des tirs de torpille sous la glace, ce qui serait également une première pour la marine russe, selon son chef d’état-major, l’amiral Nikolaï Evmenov.

Dans le même temps, a ajouté ce dernier, des avions MiG-31 ont également effectué une « mission avec ravitaillement en vol dans la région polaire en passant le point géographique du pôle Nord pour la première fois dans l’histoire de la marine russe. »

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