Le niveau d’engagement des forces spéciales américaines est à son plus bas niveau depuis 2001

Il y a quatre ans, l’hebdomadaire The Nation se risqua à avancer que l’année 2016 avait sans doute été « l’année des commandos ». Pour cela, il s’était appuyé sur des chiffres fournis par l’US Special Operation Command [USSOCOM]. En effet, selon ces derniers, les forces spéciales américaines avaient déployées dans 138 pays.

Lesquels? « Presque tous les déploiements des forces d’opérations spéciales sont classifiés », fit valoir, à l’époque, un porte-parole de l’USSOCOM. « Si un déploiement dans un pays spécifique n’a pas été déclassifié, nous ne publions pas d’informations sur le déploiement », avait-il ajouté.

Cependant, il fut précisé que, en 2016, 55,29% des commandos avaient été envoyés dans le « grand Moyen-Orient », c’est à dire la zone de compétence de l’US CENTCOM [commandement central, ndlr] et 17,26% furent déployés en Afrique [soit une hausse de 1600% par rapport à 2006]. Venaient ensuite les régions relevant de l’US EUCOM [commandement pour l’Europe], avec 12,67% des déploiements, le Pacifique [9,19%] et l’Amérique du Sud [4,89%].

L’année 2016 avait été marquée par les engagements au Levant contre l’État islamique [EI ou Daesh], la poursuite des opérations en Afghanistan et une plus forte implication en Afrique [Libye, Somalie, Niger] ainsi qu’au Yémen. En outre, les forces spéciales américaines avaient été sollicitées pour des missions de formation et de conseils, comme par exemple aux Philippines.

L’arrivée du président Trump à la Maison Blanche aura donc marqué un tournant, en particulier en raison de la nouvelle stratégie de défense des États-Unis qui, adopté durant son mandat, a fait de la Chine et de la Russie une priorité, aux dépens du combat contre les réseaux jihadistes, relégués au second rang.

En outre, le sur-engagement des forces spéciales américaines depuis 2001 a favorisé l’apparition de problèmes de discipine dans leurs rangs, avec plusieurs affaires ayant défrayé la chronique au cours de ces dernières années.

« Nous avons constaté que certains aspects de notre culture ont parfois fixé des conditions favorables à un comportement inapproprié. Or nous avons une culture volontariste orientée vers l’action. C’est cette culture qui fait toute notre valeur. Mais près de 20 ans de conflit permanent ont déséquilibré cette culture en faveur de l’usage de la force et la réussite des missions, au détriment de la formation », expliquait ainsi le Richard Clarke, le chef de l’USSOCOM, en janvier 2020.

Devant le Comité des services armés du Sénat, le 25 mars, ce dernier a indiqué qu’environ 5.000 commandos américains sont actuellement présents dans 62 pays. Ce qui « représente une diminution d’environ 15% par rapport à 2020 » et « c’est le niveau le plus bas depuis 2001 », a-t-il dit. Et, désormais, l’USSOCOM va se concentrer sur la Chine et la russie.

« En 2021, près de 40% de nos forces déployées seront focalisées sur la concurrence entre grandes puissances », a en effet précisé le général Clarke. « Pour les forces spéciales, la formation des militaires des pays partenaires, contribue souvent à contrer les efforts de la Chine et de la Russie pour étendre leur propre influence, a souligné le général Clarke, avant de citer le cas des Philippines, où ses troupes contribuent également au combat contre la branche locale de l’EI.

« Au-dessous du seuil d’un conflit armé, les forces spéciales soutiennent un large éventail d’objectifs politiques américains et génèrent des options pour contrer la Chine, la Russie et d’autres concurrents », a également fait valoir le commandant de l’USSOCOM.

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