Des navires de l’US Navy ont été suivis par de mystérieux essaims de drones

Il se passe des choses curieuses dans le ciel des États-Unis. Entre 2015 et 2019, 24 installations nucléaires civiles firent l’objet de 57 incursions de drones, qui, parfois, évoluaient en essaim de cinq ou six, comme cela fut par exemple le cas pour les centrales nucléaires de Palo Verde [Arizona] et de Limerick [Pennsylvanie]. Des témoins ont décrit des appareils ayant une « taille industrielle », avec un diamètre d’environ 90 cm.

Le dernier survol d’une installation nucléaire eut lieu en décembre 2019 [en l’occurrence, il s’agissait du réacteur n°3 de la centrale de Palo Verde, survolée pour la troisième fois, ndlr]. Et, malgré les dispositifs anti-drones, comme celui qui, fourni par l’entreprise Aerial Armor, devaient permettre de localiser le ou les télépilote[s] dans un rayon de 30 km, le mystère reste entier à ce jour.

Comme celui entourant d’autres essaims de « gros » drones repérés dans le Colorado entre décembre 2019 et janvier 2020. Là encore, le seule certitude est qu’il ne s’agissait pas d’activités militaires américaines. Mais comme ces engins évoluèrent non loin d’une base de missiles stratégique Minuteman III de l’US Air Force, ce phénomène ne peut qu’interroger…

D’autant plus que d’autres essaims de drones ont été observés au large de la Californie, en juillet 2019. C’est en effet ce que révèle le site « The War Zone« , après avoir obtenu des documents en vertu de la loi d’accès à l’information [Freedom of Information Act – FOA]. Tout a commencé quand le documentariste Dave Beaty a rapporté qu’une navire de l’US Navy, le contre-torpilleur USS Kidd avait été survolé par des drones non identifiés lors de manoeuvres menés au large de Los Angeles avec les USS Rafael Peralta et USS John Finn.

Ce qui a donné l’idée à The War Zone de demander un accès aux journaux de bord de ces navires. Ainsi, le 14 juillet 2019, à 22 heures, les marins de quart de l’USS Kidd ont repéré deux drones [ou, du moins, décrits comme tels] qui ont suivi le navire pendant environ 90 minutes. L’un d’eux s’est même approché de la plateforme aéronautique du bâtiment, qui était alors en mode « silence radio » pour les besoins de l’exercice.

Les journaux de bord de l’USS Rafael Peralta et de l’USS John Finn mentionnent également la présence de ces deux engins… dont la trajectoire, par la suite, n’a pu être suivie malgré les capteurs des navires américains [radar, imagerie thermique, optronique, moyens de guerre électronique, etc].

Le même phénomène s’est reproduit la nuit suivante… mais avec au moins quatre drones. Et il a duré trois heures. Deux autres incidents ont ensuite eu lieu les 25 et 30 juillet de la même année.

Au regard de la taille des drones et de leur autonomie, il est clair qu’il ne s’agit pas d’appareils vendus pour les télépilotes amateurs. Dans un premier temps, certains ont soupçonné qu’ils provenaient d’une autre unité de la marine américaine, en l’occurence du FACSFAC [Fleet Area Control and Surveillance Facility Center] de San Diego. Mais ce dernier a réfuté toute responsabilité.

Les survols des navires ayant eu lieu près de l’île de San Clemente, où est implantée une base des Navy Seals, il a été avancé que les drones en question pouvaient faire partie d’un programme classifié. Sauf que, si cela avait été le cas, la marine américaine n’aurait pas lancé une enquête et on suppose que toute mention de ces incidents aurait été caviardée dans les journaux de bord des navires suivis. À moins qu’un autre agence gouvernementale américaine en soit à l’origine.

Une hypothèse aussi envisagée est que ces drones ont été mis en oeuvre depuis un navire civil naviguant au large de la Californie… Mais les investigations n’ont rien donné de ce côté là… Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y avait pas effectivement un navire non identifié dans les parages au moment des faits. Cependant, il faudrait aussi être en mesure de déployer de tels engins depuis un bateau…

En tout cas, faire évoluer en essaim des drones imposants capables de repérer de nuit et de survoler des navires naviguant à la vitesse de 15/20 noeuds n’est pas à la portée du premier plaisantin venu : cela suppose des moyens importants, comme ceux d’un État.

Mais il reste à déterminer le mobile. Ces drones avaient-ils la mission de collecter des renseignements d’origine électro-magnétiques concernant les trois navires de l’US Navy? De brouiller leurs capteurs? De tester leurs vulnérabilités? Autant de questions qui resteront sans réponse pour le moment.

À noter que ces survols de drones évoluant en formation ont commencé alors que nombreuses observations de « phénomènes aériens non identifiés » ont été rapportés entre l’été 2014 et le printemps 2015 par des pilotes de l’US Navy basés sur la côte Est des États-Unis.

Le Pentagone a d’ailleurs mis en place une cellule de travail pour « détecter, analyser et cataloguer ces phénomènes aériens non identifiés qui pourraient représenter une menace pour la sécurité nationale des États-Unis ». À la demande du comité « Renseignement » du Sénat, un rapport « non classifié » sur le sujet devra être rendu d’ici juin prochain. Sans doute en saura-t-on davantage.

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