Paris rappelle à la diplomatie chinoise que « la France et l’Europe ne sont pas des paillassons »

Ces derniers jours, l’ambassade de Chine en France n’a pas toujours eu une attitude très diplomatique… Tout est parti de l’intention de volonté exprimé par le groupe d’amitié France-Taïwan du Sénat de se prochainement rendre à Taipei.

Or, considérant l’île comme une « province rebelle », Pékin s’oppose à tout contact officiel avec les autorités taïwanaises. Ce qui a valu aux parlementaires concernés une ferme mise en garde adressée par l’ambassade de Chine. Ils « peuvent décider librement de leurs projets de déplacement et de leurs contacts » mais le « gouvernement chinois prendra les mesures en conséquence », a-t-elle ainsi prévenu.

Et d’insister, dans un courrier adressé le 16 lars à Alain Richard, le chef de ce groupe d’amitié : « Les sénateurs français, en tant que membres de l’institution française, se doivent de respecter [le] principe [d’une seule Chine] et s’abstenir de toute forme de contacts officiels avec les autorités taiwanaises. »

La diplomatie française a aussitôt réagi à cette mise en garde chinoise en affirmant que les « sénateurs […] sont libres de rencontrer qui ils veulent lors de leurs déplacements. »

Dans le même temps, via Twitter, Antoine Bondaz, spécialiste de l’Asie à la Fondation pour la rercherche stratégique [FRS], a apporté son soutien aux parlementaire en parlant d’une « injonction inadmissible » à l’égard des sénateurs et d’une « interférence flagrante ». Ce qui lui a valu en retour d’être traité de « petite frappe » par l’ambassade de Chine.

Puis cette dernière a justifié son attitude en y remettant une couche en qualifiant M. Bondaz de « troll idéologique », de « hyène folle » et de « vilain ». « Il y a des gens qui souhaitent voir la diplomatie chinoise devenir une diplomatie d »agneaux’, qui encaisse les attaques sans broncher. Cette époque est bel et bien révolue. L’Ambassade de Chine en France a l’importante mission de contribuer à l’amitié et à la coopération entre la Chine et la France. Avec les amis, nous avons le cœur rempli de chaleur. Quant aux vilains, nous les traitons comme il faut », a-t-elle affirmé.

Au lendemain de la publication de cette diatribe, soit le 22 mars, le ministère français des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de Chine, Lu Shaye. « Les insultes contre des chercheurs indépendants et la polémique avec des élus de la République sont inadmissibles et n’ont aucune place dans les relations que l’ambassade de Chine est chargée de contribuer à développer entre la France et la Chine », a fait valoir Agnès von der Mühll, la porte-parole du Quai d’Orsay. Il était également question d’aborder le sujet des sanctions prises par Pékin en représailles de celles décidées par l’Union européenne concernant la répression contre la minorité musulmane des Ouïghours dans le Xinjiang.

Seulement, le diplomate chinois ne se rendra pas à cette convocation, ce 23 mars. « L’Ambassadeur LU Shaye ne s’est pas rendu aujourd’hui au MAE français en raison d’agenda. Demain, il s’y rendra pour entreprendre des démarches auprès de la partie française sur les sanctions imposées par l’UE aux individus et aux entités chinois et les questions liées à Taiwan », ont indiqué ses services, un brin désinvolte.

« Le problème d’agenda, je n’y crois pas trop et ça ne marche pas dans ce sens là », a réagi Clément Beaune, le secrétaire d’État chargé des affaires européennes. « Ni la France ni l’Europe ne sont des paillassons. Quand on est convoqué, quand on est ambassadeur, on se rend à une convocation au ministère des Affaires étrangères », a-t-il continué, sur les ondes de France Info. « Nous attendons le plus rapidement possible que cette convocation soit honorée », a-t-il conclu.

Ce n’est pas la première fois que Lu Shaye est convoqué par le Quai d’Orsay en raison de propos jugés déplacés, voire calomnnieux, à l’égard de la France. Cela a en effet le cas en avril 2020, après la publication d’une tribune sur la gestion de l’épidémie de covid-19.

 

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