Le porte-hélicoptères amphibie s’essaie à la maintenance anticipée
En 2019, alors qu’il donnait satisfaction jusqu’alors, avec une disponibilité de 71% des navires de la Marine nationale, il a été décidé d’améliorer encore ces résultats via une nouvelle réforme du Maintien en condition opérationnelle [MCO] naval, lequel implique plusieurs acteurs, dont l’équipage [qui prend soin de son bâtiment au quotidien], le Service de soutien de la flotte [SSF], le Service logistique de la Marine [SLF], le Service d’infrastructures de la Défense [SID, pour les infrastructures portuaires], la Direction générale de l’armement [DGA] et, bien évidemment, les industriels.
À l’époque, le ministère des Armées avait indiqué que le MCO naval représentait jusqu’à 60% du coût de possession global d’un navire. Aussi, la réforme ainsi annoncé insistait sur la nécessité de le prendre en compte dès la conception de nouveaux bâtiments, conformément, d’ailleurs, à la dernière version de l’instruction ministérielle sur les opérations d’armement [IMOA].
En outre, il était question, entre autres, de mettre l’accent sur l’innovation en misant sur la maintenance prévisionnelle grâce à l’analyse des données [big data] et l’élaboration de modèles statistiques sur ces mêmes données [apprentissage automatique ou machine learning].
La maintenance prévisionnelle offre plusieurs avantages, dont la réduction du temps d’immobilisation des navires, la souplesse dans les interventions, une meilleure gestion des pièces détachées et donc la possibilité de réaliser des économies.
Deux après après l’annonce de la réforme du MCO naval, et conformément aux orientations du plan « Mecator Accélération 2021 », le porte-hélicoptères amphibie [PHA] Mistral s’essaie actuellement à la mainteance prévisionnelle, avec la technologie fournie par la société ONEPROD.
Le PHA Mistral « s’engage dans la transformation numérique en valorisant les données produites par la plateforme à des fins de maintenance prédictive et en formant son équipage à un nouvel outil de mesures vibratoires », explique en effet la Marine nationale.
En matière de maintenance prévisionnelle, ONEPROD propose plusieurs outils, dont FALCON, un appareil portabe de collecte et d’analyse des signaux vibratoires, le système de diagnostic automatique Accurex ou encore Defect Factor.
La Marine nationale n’a pas donné le détail des équipements utilisés à bord du Mistral, si ce n’est qu’ils sont particulièrement érgonomiques [capteur sans fil, support tablette] et qu’ils permettent d’interpréter en direct les résultats de leurs mesures via un diagnostic automatisé. Ils disposent de fonctions complémentaires, comme « la mesure de la vitesse de rotation de l’installation par un stroboscope embarqué ou la mesure de la température des roulements viennent compléter cet équipement qui renouvelle le diagnostic vibratoire. »
Les paramètres de fonctionnement des moteurs sont analysés et des suites statistiques en sont extraites pour « d’objectiver les tendances de fond ou de caractériser la dérive d’un point de fonctionnement dans le cas d’une avarie », explique la Marine nationale.
Ainsi, par exemple, l’un des outils utilisés facilite la surveillance de l’évolution des températures d’échappement et la répartition de charge des Diesels alternateurs principaux [DAP] quant un autre permet de croiser « différents paramètres en visualisant suivant un dégradé de couleur l’évolution du point de fonctionnement ».
Après le Mistral, ce sera au tour du PHA Dixmude d’être doté d’une capacité de maintenance prévisionnelle d’ici la fin de cette année.
« Un réseau de capteurs des vibrations en ligne viendra compléter le système. Ainsi, l’ensemble permettra de suivre en temps réel l’état de santé des installations tout en prenant en compte les résultats des travaux réalisés par le PHA Mistral », conclut la Marine.
