Otan : Si nécessaire, la Turquie est disposée à négocier l’achat d’avions de combat russes Su-57 et Su-35

Lors de l’édition 2019 du salon aéronautique MAKS, près de Moscou, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’était particulièrement intéressé au Su-57 « Felon », l’avion de combat russe de 5e génération. À l’époque, la Turquie venait d’être exclue du programme F-35 par l’administration Trump, en raison de son achat auprès de la Russie du système de défense aérienne S-400 « Triumph », jugé incompatible avec les équipements de l’Otan.

L’intérêt de M. Erdogan pour le Su-57 Felon pouvait alors être vu comme une manoeuvre faire revenir Washington à de meilleurs sentiments à l’égard d’Ankara, étant donné que la modernisation des forces aériennes turques, qui attendaient 100 F-35A, était alors compromise. Puis, en octobre de la même année, les autorités turques évoquèrent ensuite un possible achat de 48 avions Su-35 Flanker E auprès de la Russie, étant entendu qu’il était hors de question de renoncer au système S-400.

Enfin, voyant une opportunié de fissurer l’unité de l’Otan, dont la Turquie est membre depuis 1952, la Russie alla plus loin en se disant prête, en juin 2020, à fournir une aide au projet turc d’avion de combat TF-X, en fournissant les moteurs et l’avionique.

Depuis, la Turquie n’a nullement renoncé à ses batteries S-400 : elle les a même récemment mises en service… Raison pour laquelle l’une des dernières décisions de l’administration Trump aura été de sanctionner son industrie de l’armement. Et celle du président Biden n’entend pas y revenir pour le moment.

Quoi qu’il en soit, l’exclusion du programme F-35 et l’interdiction de toute attribution de licences d’exportations d’équipements américains à la SSB, l’agence du ministère turc de la Défense chargé des achats d’équipements militaires font que la force aérienne turque risque le déclassement par rapport à son homologue grecque, qui modernise une partie de ses chasseurs-bombardiers F-16 en les portant au standard « Viper », vient de commander 18 Rafale et envisage de se procurer des F-35…

Pour rappel, l’aviation de chasse turque est essentiellement composée d’avions F-4 Phantom et de F-16C/D, qui sont ses appareils les plus récents. D’où la nécessité de trouver des solutions… Au regard des relations de la Turquie avec la France, l’achat de Rafale est exclu..; De même que celui de l’Eurofighter Typhoon, dont certains composants sont de facture américaine [et donc soumis aux sanctions]. Aussi, la Russie est revenue à la charge, le 12 mars.

« En ce qui concerne les projets potentiels d’Ankara concernant l’achat de chasseurs russes Su-35 et Su-57, il convient de noter que la partie turque a été pleinement informée de ses spécifications techniques. S’il y a une demande de la Turquie pour ces avions, nous sommes prêts pour des négociations », a en effet affirmé Valeria Reshetnikova, la porte-parole du Service fédéral russe pour la coopération militaire et technique.

Et de renouveler l’offre de coopération technique au sujet du programme TF-X. « La partie turque a depuis assez longtemps déclaré son intention de développer son propre chasseur de cinquième génération. La Russie a indiqué plus tôt qu’elle était prête à envisager la possibilité d’une coopération dans le cadre de ce programme. Cependant, nous n’avons pas encore reçu de demande de la part d’Ankara », a ajouté Mme Reshetnikova.

Le ministre turc de l’Industrie et de la Technologie, Mustafa Varank, a immédiatement répondu. « Nous évaluons notre coopération avec les pays sur la base de nos propres besoins et des intérêts mutuels. À l’heure actuelle, les évaluations de ce que nous avons besoin dans le domaine de l’aviation […] sont basées sur la planification du SSB et les besoins de nos militaires, » a-t-il dit dans un premier temps.

« Il est hors de question que nous disions catégoriquement : ‘nous sommes contre le plan du pays X, nous sommes contre le plan du pays Y ». S’il y a un avion en Russie pour nos besoins actuels et qu’il ne sera pas difficile de l’intégrer dans notre système et de l’exploiter, nous pouvons bien sûr l’acheter », a déclaré M. Varank.

À partir de là, on peut faire deux hypothèses : soit la Turquie fait mine de se procurer des avions de combat russe pour réintégrer le programme F-35 [ce qu’elle « ne cherche pas nécessairement », dixit Ismail Demir, le directeur du SSB], soit elle envisage sérieusement de se tourner vers la Russie pour moderniser ses forces aériennes. Ce qui ne manquera pas de provoquer quelques turbulences au sein de l’Otan…

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