La Turquie parle de transformer le navire TCG Anadolu en « porte-drones »

Quand, en 2015, il dévoila son projet de construire le navire d’assaut amphibie TCG Anadolu, sur le modèle de la classe Juan Carlos 1, proposé par le constructeur naval espagnol Navantia, le ministère turc de la Défense présenta une maquette sur laquelle étaient posés des F-35B, c’est à dire la version STOVL [décollage court / atterrissage vertical] de l’avion de combat de 5e génération développé par Lockheed-Martin.

À l’époque, la Turquie faisait alors partie du programme F-35, au titre duquel elle avait déjà commandé 100 exemplaires de la version A [c’est à dire « classique »] de cet appareil. Seulement, en raison de son achat de systèmes russes de défense aérienne S-400, elle en a été exclue en 2019 par l’administration Trump. Et celle de Joe Biden n’entend pas revenir sur cette décision, même si elle parle d’établir des « relations constructives » avec Ankara.

Évidemment, cette exclusion du programme F-35 ruine les espoirs de la marine turquie de faire du TCG Anadolu, qui est encore en construction, un porte-avions. D’autant plus qu’il n’y a aucune alternative, sauf à acquérir des AV-8B Harrier II d’occasion… ou à développer un appareil de ce type, ce qui est illusoire.

D’où le projet de faire du TCG Anadolu un « porte-drones », ce qui est un concept opérationnel inédit. Un tel projet a été évoqué par Haluk Bayraktar, le Pdg du constructeur de drone « Bayraktar », lors d’un récent entretien diffusé par le journaliste İbrahim Haskoloğlu sur la plateforme Twitch.

Ainsi, M. Bayaraktar a confié que son entreprise travaille actuellement sur un projet de drone de combat pouvant « décoller » du TCG Anadolu… et y atterrir. Il s’est donné un an pour le réaliser.

Précédemment, Ismail Demir, le responsable des industries turques de défense, avait parlé d’un tel projet. « Nous pensons que des drones de différentes tailles, capables de décoller et d’atterrir [sur un navire] et ayant la capacité de frapper si nécessaie, devraient être déployés sur le TCG Anadolu », avait-il dit lors d’un entretien accordé à NTV, en février.

Il serait question, dans un premier temps, d’embarquer 10 drones armés à bord du TCG Anadolu, lequel disposerait à cette fin d’un centre de commandement et de contrôle. Par la suite, entre 30 et 50 appareils – a priori, des Bayraktar TB3 – pourraient opérer depuis le navire.

Mettre en oeuvre des drones à voilure fixe comme le Bayraktar TB2 ou TB3 depuis un navire est très compliqué. À ce jour, seul le démonstrateur de drone de combat X-47B ayant réussi à être catapulté depuis le pont d’un porte-avions et à y apponter. Qui plus est, la marine turque n’a aucune expérience dans le domaine aéronaval…

Selon Defense News, les responsables turcs envisageraient de modifier le TCG Anadolu, ce qui retarderait sa livraison, prévue cette année. Mais là encore, on voit mal quels pourraient être les aménagements envisagés pour faire de ce navire un porte-drones. Mais il reste à voir le projet sur lequel travaille actuellement Bayraktar, dont on ne sait pratiquement rien. S’agit de mettre au point un drone STOVL ou VTOL? Si tel est le cas, alors les ambitions turques pourraient se concrétiser plus facilement.

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