La Royal Navy s’intéresse à nouveau aux catapultes électromagnétiques pour ses deux porte-avions

En octobre 2010, le gouvernement britannique fit part de son intention de modifier la configuration des deux futurs porte-avions de la Royal Navy [les HMS Queen Elizabeth et Prince of Wales] en les dotant de catapultes et de brins d’arrêt, à l’instar des navires du même type mis en oeuvre par la Marine nationale et l’US Navy. Ce qui supposait dans le même temps de renoncer à la version STOVL [Short Take Off Vertical Landing / décollage court et atterrissage vertical] de l’avion de combat F-35B, développé par Lockheed-Martin avec le concours de BAE Systems.

On trouve de bonnes raisons pour justifier une décision. En l’occurrence, le choix de la configuration CATOBAR [Catapult Assisted Take-Off But – ou Barrier – Arrested Recovery] en lieu et place de cette dite STOBAR [Short Take-Off But Arrested Recovery, avec un plan incliné] pour les deux futurs porte-avions britanniques s’expliquait en partie par les difficultés rencontrées lors du développement du F-35B, qui venait d’être mis en période probatoire par Robert Gates, alors chef du Pentagone. D’où la solution de commander, à la place, des F-35C, c’est à dire la version navale de cet avion de 5e génération.

En outre, Londres avait considéré qu’il serait souhaitable d’accroître l’interopérabilité et les coopérations de la Royal Navy avec la Marine nationale et l’US Navy. Ce que permettait une configuration CATOBAR… Seulement, deux ans plus tard, le ministre britannique de la Défense, qui était alors Philip Hammond, annonça un nouveau changement, avec de bonnes raisons à l’appui.

Ainsi, il était de nouveau question de revenir à la configuration STOBAR conformément aux plans initiaux… pour des impératifs budgétaires, le coût de l’installation de catapultes électromagnétiques [EMALS] à bord des deux porte-avions ayant été jugé trop important, alors que la facture de leur construction venait une nouvelle fois de s’envoler. En outre, le développement du F-35B ayant été remis sur les rails, la cible d’une commande de 138 exemplaires fut confirmée afin d’en doter la Royal Air Force et la Fleet Air Arm. Et cela d’autant plus que la mise au point du F-35C se trouvait alors en difficulté, en raison d’un mauvais positionnement de la crosse d’appontage sur l’appareil…

Depuis, la capacité opérationnelle initiale [IOC] du HMS Queen Elizabeth a été prononcée… Et le navire s’apprête à connaître son premier long déploiement, avec l’apport de F-35B de l’US Marine Corps [USMC]. Quant au HMS Prince of Wales, il était en réparation, aux dernières nouvelles, après une innondation causée par un système anti-incendie défectueux.

Mais, surtout, la nouvelle revue stratégique de défense et de sécurité que publiera bientôt le gouvernement britannique pourrait revoir drastiquement, si l’on en croit la presse d’outre-Manche, le nombre de F-35B commandés. A priori, il serait question de se contenter de 48 exemplaires… et non plus de 138.

Aussi, on peut bien se demander ce que la Royal Air Force et la Fleet Air Arm pourront bien mettre à bord des deux porte-avions… d’autant plus qu’il n’est pas prévu de développer une version STOVL du Tempest, le futur avion de combat de 6e génération issu d’un programme que le Royaume-Uni conduit avec l’Italie et la Suède.

À moins qu’une réponse à ces interrogations soit apportée par la demande d’informations que vient de lancer la Royal Navy [et dont le quotidien The Telegraph s’est fait l’écho].

Ainsi, le ministère britannique de la Défense [MoD] a demandé à l’industrie des « idées sur les futurs systèmes de lancement et de récupération » d’aéronefs qui pourraient être « installés au cours des cinq prochaines années ».

Plus précisement, le document parle « d’évaluer la disponbilité des catapultes électromagnétiques et des brins d’arrêt ». Et de préciser que les solutions potentielles doivent être « suffisamment matures sur le plan technique pour être installées sur un navire approprié [un porte-avions, ndlr] à partir de 2023. » En outre, un tel système devra être capable de lancer un aéronef de près de 25 tonnes, ce qui, pour donner un ordre idée, correspond à la masse maximale au décollage d’un Rafale Marine [celle d’un F-35C étant de 32 tonnes].

D’après The Telegraph, il a été prévu de ménager des espaces à bord des deux porte-avions de la Royal Navy pour leur installer des catapultes électromagnétiques si nécessaire. À noter que le seul industriel à proposer de tels dispositifs est l’américain General Atomics…

Reste à voir les plans de la Royal Navy [et, surtout, ce que dira la revue stratégique en cours…]. Il est possible que cette demande soit en lien avec le Tempest, ce qui sous-entendrait que ce serait un avion relativement léger. Le journal britannique a émis l’hypothèse de la mise en oeuvre de drones embarqués… Ce qui paraît peu probable dans des délais aussi contraints. À ce jours, seul le démonstrateur américain X-47B de Northrop Grumman a été en mesure d’être catapulté depuis un porte-avions et d’y apponter.

En attendant, un porte-parole de la Royal Navy a déclaré que les forces armées font regulièrement de telles demandes aux industruels pour « comprendre les derniers développements technologiques et voir comment ils peuvent améliorer les équipements existants pour faire face aux menaces futures. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]