Piraterie : L’armateur danois Maesrk plaide pour une opération navale internationale dans le golfe de Guinée

Depuis maintenant plusieurs années, et malgré les initiatives prises par les pays de la région [achats de patrouilleurs, mutualisation des moyens, harmonisation des règles de poursuite, partage de renseignements, etc], la piraterie maritime est un phénomène qui prend de l’ampleur dans le golfe de Guinée, lequel est désormais considérée comme la « zone la plus dangereuse du monde » pour le trafic maritime, selon le Maritime Information Cooperation & Awareness Center [MICA Center], une structure qui relève de la Marine nationale.

Qui plus est, les pirates qui sévissent dans cette région ne cesse de s’enhardir, certains d’entre eux ayant été capables de mener des « raids sur plus de 400 nautiques et des abordages à plus de 1000 nautiques des côtes », a souligné le MICA Center. Au total, en 2020, 51 navires ont été attaqués ou piratés et 142 marins ont été enlevés. Chaque jour, plus de 1.500 bateaux empruntent la route maritime allant du Nigeria à l’Angola [deux importants producteurs de pétrole, ndlr], ce qui en fait autant de cibles potentielles pour les pirates.

En février, la société britannique de renseignement de sécurité Dryad Global a estimé, dans son rapport annuel, que l’inaction internationale dans cette partie du monde favorisait justement la piraterie maritime. « Les grandes organisation internationales, telles que les Nations unies, l’Otan et l’Union européenne ont été manifestement absentes pour proposer des solutions à la piraterie en Afrique de l’Ouest », a-t-elle avancé, contrairement à ce qu’elles firent au large de la Somalie, à la fin des années 2000.

Pour rappel, et alors que les actes de pirateries se multipliaient dans le golfe d’Aden et dans l’océan Indien, l’Union européenne et l’Otan avaient respectivement lancé les opération Atalanta [qui est toujours en cours] et Ocean Shield [terminée en 2016, ndlr].

Cela étant, Dryad Global a aussi critiqué les pays riverains, lesquels n’appliqueraient pas le Code de conduite de Yaoundé, la Charte maritime de Lomé et la Stratégie maritime intégrée de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest [CEDEAO].

Cependant, l’Union européenne ne se désintéresse pas du golfe de Guinée étant donné qu’elle y a validé, en janvier, la mise en place d’une « présence maritime coordonnée » [CMP], à laquelle prennent part la France [via l’opération Corymbe], l’Espagne, l’Italie et le Portugal. Pour autant, cela est insuffisant pour Dryad Global, comme pour les armateurs, dont le premier d’entre-eux, le danois Maersk. Selon l’ AFP, ce dernier a ainsi plaidé en faveur d’une intervention militaire internationale dans la région afin d’y réduire la piraterie maritime, comme cela a été fait au large de la Somalie.

« En 2021, aucun matelot ne devrait avoir peur de naviguer nulle part à cause des pirates, on n’en est plus à l’âge de la piraterie! », a fait valoir Aslak Ross, en charge des normes maritimes chez Maersk. « Une solution est d’obtenir de la communauté internationale de soutenir une mission à court-terme », a-t-il ajouté.

Le Danemark serait à la manoeuvre pour qu’une telle opération puisse être lancée. Seulement, comme il bénéficie d’une clause d’exemption en matière de politique étrangère et de sécurité commune [PESC], l’affaire est compliquée… Sauf à se tourner vers la France. « Qui ne mieux que les Français? » a d’ailleurs demandé M. Ross.

À Paris, il n’est pas question d’aller plus loin que la présence maritime coordonnée. « Les Danois sont les bienvenus dans la CMP, avec des moyens », a confié une source à l’AFP. En outre, il n’est pas certain que les pays de la région soient d’accord pour voir une coalition navale au large de leurs côtes.

« Il est peu probable que le Nigeria accueille une coalition navale internationale car cela mettrait en évidence l’insuffisance des efforts qu’il déploie pour lutter contre la piraterie », résume ainsi Munro Anderson, de Dryad Global.

Cela étant, la baisse du nombre d’actes de piraterie au large de la Corne de l’Afrique n’a pas été uniquement due à une importante présence navale. L’application de mesures de sécurité et la présence de gardes armés à bord des navires commerciaux y ont aussi contribué.

Photo : PHA Dixmune © Marine nationale

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