Face à une forte activité aérienne chinoise, le Japon cherche à économiser le potentiel de ses avions F-15J

Ces dernières années, le ministère japonais de la Défense a fait état d’un nombre élévé d’interceptions d’aéronefs chinois et russes dans la zone d’idenfication de défense aérienne [ADIZ] qu’il est chargé de surveiller. Ainsi, par exemple, entre mars 2018 et mars 2019, les avions de combat nippons, en particulier les F-15J, effectuèrent 999 décollages sur alerte [alpha scramble]. Et 638 de ces sortites avaient été motivées par des vols de l’Armée populaire de libération [APL] à proximité de l’espace aérien de l’archipel.

Si ce nombre pouvait paraître élevé, il était cependant en deçà de celui constaté durant la période allant de mars 2016 à mars 2017, avec 1.168 interceptions réalisées par la force aérienne d’autodéfense japonaise. Un record. Évidemment, une telle activité ne peut que consommer le potentiel de cette dernière. À commencer par celui des F-15J… et de ses pilotes.

« Ces alertes quotidiennes épuisent progressivement la flotte de F-15J. Le problème est que la Chine a environ six fois plus de chasseurs que la force aérienne d’autodéfense japonaise et qu’elle pourrait par conséquent intensifier davantage ses intrusions chaque fois qu’elle le jugera opportun. Le maintien en service des F-15J est désormais presque une décision qui revient à la Chine », avait ainsi souligné Peter Layton, analyste au Griffith Asia Institute, un centre de recherche australien, dans une note de blog publiée en avril 2019.

D’où l’entrée en vigueur de nouvelles règles, comme l’ont indiqué des sources gouvernementales japonaises à l’agence de presse Kyodo News, la semaine passée. Désormais, il n’est plus question pour la force aérienne nippone d’intercepter tout aéronef évoluant dans son ADIZ, mais uniquement ceux qui menacent de violer l’espace aérien du pays ou qui évoluent à proximité de passages « stratégiques », comme le le détroit de Miyako [situé près d’Okinawa] et celui de Tsushima, qui sépare le Japon de la Corée.

Ces nouvelles règles sont a priori déjà mises en application dans la mesure où 331 décollages sur alerte ont été assurés par la force aérienne d’autodéfense japonaise durant les neufs premiers mois de l’année fiscale 2020.

Selon les sources citées par Kydyo News, il s’agit pour le ministère japonais de la Défense de réduire la charge des pilotes et des F-15J ainsi que de trouver des marges de manoeuvre pour la mise en service des F-35A, dont 105 exemplaires doivent être acquis, au total, par Tokyo [sans oublier qu’il est aussi question d’une commande de 42 F-35B].

Seulement, comme l’a souligné un responsable nippon, le F-35 « n’est pas approprié » pour dissuader des aéronefs de pénétrer dans un espace aérien et il sera donc « difficile de maintenir le même système qu’auparavant. » Et cela alors que le F-15J affiche des performances de vol supérieures, la furtivité n’étant pas un critère déterminant pour les missions qui lui sont confiées.

Selon les plans de Tokyo, il est question de moderniser une partie de des 200 F-15J en les portant au standard « Japanese Super Interceptor » [JSI]. Ainsi, 98 appareils doivent être équipés d’un radar à antenne active [AESA] multimode AN / APG-82(v)1 de Raytheon, du nouvel ordinateur de missions Honeywell Advanced Display Core Processor II, d’un système GPS « anti-spoofing », d’une radio de bord de dernière génération ainsi que d’une suite de guerre électronique AN/ALQ-239.

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