L’armée chinoise se prépare au combat amphibie sur une île probablement située au sud de l’équateur
En 2019, un rapport remis au Congrès par le Pentagone estimait que l’Armée populaire de libération [APL] n’avait pas encore les moyens de lancer une opération amphibie de grande envergure, en particulier contre Taïwan. Ainsi, le document soulignait qu’il lui manquait des embarcations de type Landing Ship Tank [LST ou bâtiment de débarquement de chars] mais que, toutefois, elles disposaient de suffisamment de moyens pour « s’emparer et contrôler » de petites îles.
Cela étant, Pékin avait alors surtout mis l’accent sur la construction de navires d’assaut amphibie de type 071, avec huit unités prévues, afin de doter l’APL d’une capacité expéditionnaire outre-Mer. Ce qui paraissait logique au regard du projet de « nouvelles routes de la soie ».
Mais outre ces navires, la marine chinoise sera par ailleurs dotée d’autant de navires d’assaut amphibie de type 075, bien plus imposants que les précédents, avec un déplacement de 37.000 tonnes et la capacité d’emporter une trentaine d’hélicoptères. Une unité effectue actuellement ses essais en mer tandis que deux autres sont en cours de construction.
En attendant, les capacités de l’APL en matière de combat amphibie reposent donc exclusivement sur les navires de type 071, dont le dernier à avoir été mis en service, en janvier 2019, est le « Wuzhi Shan ».
Justement, ce bâtiment fait partie d’un « groupe expéditionnaire », composé du contre-torpilleur de type 052D Yinchuan, du pétrolier-ravitailleurs de type 901 Chaganhu, d’une frégate de type 054A Hengyang et du navire espion de type 815 « Tian Shuxing », spécialisé dans la collecte de renseignements d’origine électromagnétique.
Or, ce groupe « expéditionnaire » vient de mener une serie d’exercices « interarmées », comprenant notamment un débarquement dans un endroit non précisé par l’APL.
Des embarcations de débarquement sur coussin d’air de type 726 [qui sont les équivalents du Landing craft air cushioned – LCAC – américain, ndlr] ont ainsi acheminer sur une plage non identifiée des chars de type 96 ainsi que des unités d’infanterie de marine. Ce mouvement a été appuyé par des bombardiers H6K, pouvant être ravitaillés en vol, ainsi que par des chasseurs-bombardiers Su-30.
Ces manoeuvres ont été planifiées dans le but « d’explorer des tactiques de combat interarmées très intensifs dans les eaux lointaines », a rapporté la CCTV, la chaîne publique de télévision chinoise. Pour des analystes militaires cités par le Global Times, quotidien affilié au Parti communiste chinois [PCC], elles ont surtout démontré la capacité de l’APL à « défendre la souveraineté et les intérêts » de la Chine.
Ces exercices ont « amélioré la capacité de combat interarmées de l’APL dans des régions inconnues. La Chine doit se préparer au combat et aux opérations militaires dans des régions éloignées du continent afin de défendre sa souveraineté, sa sécurité et ses intérêts », a en effet commenté Song Zhongping.
Reste à voir où ces manoeuvres, qui ont duré une dizaine de jours, ont eu lieu. Selon une vidéo de l’APL diffusée sur le réseau social Weibo, cette flottille constituée autour du navire d’assaut amphibie « Wuzhi Shan » aurait franchi l’équateur le 25 février dernier, ce qui laisse supposer qu’elle s’est dirigée vers l’Océanie ou le sud l’océan Pacifique, régions où la Chine compte quelques « obligés » sur le plan financier, comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée.