Le Pentagone débloque une aide de 125 millions de dollars au profit des forces ukrainiennes

Cette année, cela fera sept ans que la région du Donbass, située dans le sud-est de l’Ukraine, est le théâtre de combats entre les forces gouvernementales ukrainiennes et des séparatistes soutenus par la Russie.

Et, malgré les efforts diplomatiques de la France et de l’Allemagne, de l’aide militaire apportée aux troupes ukraniennes par les États-Unis ainsi que par d’autres pays, comme le Canada, ou encore l’alternance politique à Kiev, la situation n’a pas évolué d’un pouce.

C’est d’ailleurs ce qui justifie, aux yeux de Charles Michel, le président du Conseil européen, qui s’est rendu sur la ligne de front, le 2 mars, le maintien des sanctions décidées par l’Union européenne [UE] à l’égard de Moscou.

« Malheureusement, la Russie n’a pas répondu aux mesures positives prises par Kiev » dans le cadre du processus de paix et « c’est pourquoi nos sanctions économiques contre la Russie resteront en place », a en effet déclaré M. Michel, aux côtés de Volodymyr Zelensky, le président ukrainien. Et d’estimer que Moscou « est partie dans ce conflit » et « non un médiateur ».

Quant aux États-Unis, ils ont maintenu leur aide aux forces ukrainiennes durant la présidence de Donald Trump, alors que ce dernier aura eu à faire face à une procédure de destitution basée sur des soupçons de collusion avec la Russie. Ainsi, alors que son prédécesseur Barack Obama, refusait de livrer des « armes létales » à Kiev, il approuva un plan visant à doter les forces ukrainiennes de missiles anti-char Javelin, alors que la situation dans le Donbass tendait à se dégrader aux dépens de ces dernières.

Cela étant, le même Donald Trump bloquera une partie de l’enveloppe de 250 millions de dollars promise à l’Ukraine par le Congrès au titre du budget 2019, en demandant à son équipe de sécurité nationale de s’assurer que l’argent était « utilisé dans le meilleur intérêt des États-Unis. »

Il fut avancé qu’il s’agissait surtout de contraindre Kiev à enquêter sur les activités ukrainiennes du fils de Joe Biden, alors candidat aux primaires du Parti démocrate. Cette thèse fut contestée par le président Zelensky et la procédure en destitution intentée contre M. Trump pour « abus de pouvoir et entrave à l’action du Congrès » dans la cadre de cette affaire tourna court.

Une autre raison du blocage de « l’Initiative d’assistance à la sécurité de l’Ukraine » était sans doute due au projet de reprise du groupe aéronautique Motor Sich, spécialiste des moteurs d’avions, par le chinois Beijing Skyrizon Aviation… Projet qui a d’ailleurs récemment été abandonné…

Quoi qu’il en soit, la nouvelle administration américaine ne remettra pas en cause le soutien de Washington à Kiev. Le président Biden a d’ailleurs donné le ton, le 26 février, à l’occasion du 7e anniversaire de l’annexion de la Crimée par la Russie.

« Les États-Unis n’acceptent pas et n’accepteront jamais la prétendue annexion de la péninsule [de Crimée], et nous nous tiendrons aux côtés de l’Ukraine contre les actions agressives de la Russie », a-t-il dit, dans un communiqué. Et d’insister : « Les États-Unis continuent de se tenir aux côtés de l’Ukraine et de ses alliés et partenaires aujourd’hui, comme ils l’ont fait depuis le début de ce conflit. En ce sombre anniversaire, nous réaffirmons une simple vérité : la Crimée est l’Ukraine. »

Et, le 1er mars, le Pentagone a annoncé qu’une « nouvelle enveloppe de 125 millions de dollars pour l’Initiative d’assistance à la sécurité en Ukraine » allait être débloquée « pour aider les forces ukrainiennes à préserver l’intégrité territoriale de leur pays, à sécuriser ses frontières et à améliorer l’interopérabilité avec l’Otan. »

« Cette action réaffirme l’engagement des États-Unis à fournir des armes létales défensives pour permettre à l’Ukraine de se défendre plus efficacement contre l’agression russe », a encore fait valoir le Pentagone.

Dans le détail, cette aide permettra de financer l’acquisition de deux patrouilleurs armés supplémentaires Mark VI afin de « renforcer la capacité de l’Ukraine à défendre ses eaux territoriale », ce qui portera à huit le nombre d’exemplaires qui seront livrés. Il est aussi de fournir aux forces ukrainiennes des radars de contre-batterie, de moyens pour améliorer les capacités de commandement et de contrôle [C2], d’une capacité d’imagerie et d’analyse par satellite ainsi que d’équipements pour la médecine militaire.

Le budget 2021 du Pentagone, tel qu’il a été adopté par le Congrès, prévoit une somme beaucoup plus importante au titre de cette Initiative d’assistance à la sécurité en Ukraine [250 millions au total, nldr]. Aussi, le reste ne sera débloqué que lors qu’il sera certifié que l’Ukraine a « fait des progrès suffisants sur les principales réformes de son secteur de la défense. »

Le Pentagone encourage « l’Ukraine à continuer de conduire des réformes susceptibles de renforcer le contrôle civil de l’armée, de favoriser la transparence, d’accroître la responsabilité de l’industrie de l’armement et de moderniser le secteur de la défense dans d’autres domaines clés conformément aux principes et aux normes de l’Otan. »

Depuis 2014, l’aide apportée par les États-Unis à l’Ukraine s’élève à plus de deux milliards de dollars.

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