Israël soupçonne l’Iran d’être à l’origine de l’explosion survenue à bord de l’un de ses navires en mer d’Oman
En 2019, six pétroliers furent « sabotés » au large des Émirats arabes unis et en mer d’Oman, apparemment victimes de mines « patelle ». Et ces actions furent attribuées par les États-Unis au Gardiens de la révolution iranien… Depuis, deux missions navales, à savoir Sentinel [sous commandement américain] et Agenor, soutenue par la France dans un cadre européen, ont été lancée afin d’assurer la sécurité maritime dans les environs du très stratégique détroit d’Ormuz.
Cependant, le 26 février, Dryad Global, entreprise britannique spécialiste de la sécurité maritime, a été rapporté que le MV Helios Ray, un navire transporteur de véhicules battant pavillon des Bahamas venait d’être victime d’une explosion, alors qu’il se trouvait au nord-ouest d’Oman. Le bâtiment assurait alors une liaison entre le port saoudien de Dammam et Singapour.
Or, il se trouve que le MV Helios appartient à Ray Shipping Ltd, une entreprise basée à Tel Aviv [Israël]. Le propriétaire de cette dernière, l’homme d’affaires israélien Rami Ungar, a confirmé l’incident, qui n’a fait aucune victime parmi l’équipage.
L’explosion a fait « deux trous d’environ un mètre et demi de diamètre » et il « n’est pas encore clair » si elle a été « causée par un tir de missile ou des mines fixées au bateau », a ensuite expliqué l’armateur, précisant que le MV Helios Ray devait faire route vers les Émirats arabes unis [finalement, il est arrivé à Dubaï, ce 28 février, ndlr].
Selon un responsable américain sollicité par l’agence Reuters, l’explosion aurait effectivement laissé, au-dessus de la ligne de flottaison, deux trous sur chaque côté de la coque du navire.
Explosion reported Gulf of Oman 25/02/2021 2040UTC. It is reported Helios Ray has suffered an explosion. Vessel and crew believed to be safe. Please see below images for more information view @neptune_p2p #maritimesecurity pic.twitter.com/73I2Mes6RG
— Chris Farrell (@Chrisfarrell01) February 26, 2021
Malgré des détails encore parcellaires, Dryad Global a rapidement évoqué un possible responsabilité de Téhéran. « Il y a une possibilité réaliste que l’événement soit le résultat d’une activité […] de l’armée iranienne », a-t-elle estimé, soulignant par ailleurs que « l’Iran craint de plus en plus l’amélioration des relations entre Israël et les États du Golfe », en référence à la normalisation des relations diplomatiques entre l’État hébreu et plusieurs pays arabes, dont les Émirats arabes unis et Bahrein.
Le 27 février, le ministre isaélien de la Défense, Benny Gantz, a repris à son compte l’évaluation de Dryad Global. »L’emplacement du bateau, relativement proche de l’Iran à ce moment, peut laisser penser qu’il s’agit des Iraniens mais c’est quelque chose qu’il faut continuer de vérifier », a-t-il en effet déclaré, alors qu’il était interrogé par la chaine de télévision publique Kan. « C’est une première estimation qui prend en compte la proximité [avec le territoire iranien, ndlr] et le contexte, c’est ce que je pense », a-t-il ajouté.
D’autant plus que l’Iran avait promis une réponse « calculée » à l’assassinat du Dr Mohsen Fakhrizadeh, le chef présumé de son programme nucléaire.
En outre, selon la chaîne Channel 13, les responsables militaires israéliens estiment que la marine iranienne aurait effectué une « frappe de précision » contre le MV Helios avec deux missiles. Mais on en saura probablement plus quand les enquêteurs auront examiné le navire…
Quoi qu’il en soit, Téhéran n’a pas officiellement réagi à ces soupçons. Enfin presque… Car le journal « Kayhan« , dont le rédacteur en chef est nommé par l’ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême de la révolution iranienne, a écrit que l’explosion à bord du MV Helios était « probablement le fait de l’axe de la résistance », lequel comprend notamment les milices et autres groupes armés chiites soutenus par l’Iran. Et d’avancer que le navire visé était en réalité en mission d’espionnage, sans toutefois apporter d’éléments permettant d’étayer une telle hypothèse.