Le groupe russe Kalachnikov a signé un accord pour fabriquer le fusil AK-103 en Arabie Saoudite

En signant le Pacte du Quincy, en 1945, les États-Unis ont pris l’engagement de garantir la protection de l’Arabie Saoudite en échange de pétrole. Or, durant les années Obama, Washington a parfois donné l’impression de prendre ses distances avec cet accord, en adoptant une attitude plus souple à l’égard de l’Iran, ennemi juré de Riyad. À l’époque, l’objectif était alors de trouver une entente sur le programme nucléaire iranien.

Dans le même temps, l’Arabie Saoudite se rapprocha de la Russie, via notamment la signature de commandes d’équipements militaires, dont des systèmes d’artillerie TOS-1A « Solntsepek », un lance-roquettes multiple monté sur un châssis de char T-72 et utilisant des munitions thermobariques et incendiaires.

Puis, avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les États-Unis renouèrent avec les fondamentaux de leur politique étrangère, avec la signature de plusieurs contrats d’armement importants, une ligne plus dure à l’égard de l’Iran et le déploiement de troupes sur le sol saoudien au moment des tensions de l’année 2019.

Seulement, les relations entre Washington et Riyad vont de nouveau évoluer. Durant la campagne électorale, le nouveau président américain, Joe Biden, avait promis de faire de l’Arabie Saoudite un « État paria ».

Mais depuis qu’il est à la Maison Blanche, M. Biden a dû revoir son discours. Désormais, il est question de « recalibrer » les relations avec le royaume saoudien, lequel a d’ailleurs reçu le soutien de Washington après les récentes attaques revendiquées par les rebelles Houthis [soutenus par Téhéran].

Quoi qu’il en soit, ses rapports avec les États-Unis étant un compliqués, l’Arabie Saoudite entend améliorer ceux qu’elle entretient avec la Russie, notamment dans le domaine de l’industrie de l’armement. Et cela se concrétisera par l’implantation d’une usine de fusils d’assaut AK-103 par le groupe Kalachnikov dans le royaume. L’annonce a été confirmée auprès du quotidieni Kommersant par Denis Manturov, le ministre russe de l’Industrie et du Commerce.

« Quant au contrat pour la mise en œuvre de la première étape de la mise en place d’une production conjointe de fusils d’assaut Kalachnikov, il a été signé par les parties et fait l’objet de procédures d’approbation interétatiques, après quoi il entrera en vigueur », a en effet déclaré le ministre russe, à la veille de l’ouverture du salon de l’armement IDEX-2021, à Abu Dhabi.

Cette production en Arabie Saoudite de fusils d’assaut AK-103 avait fait l’objet d’un protocole d’accord signé en 2017. Et selon le directeur général de Kalachnokov, Dmitri Tarasov, la négociation aurait pu aboutir beaucoup plus tôt s’il n’y avait pas eu la pandémie de covid-19. Et d’assurer que son groupe est désormais « absolument prêt » pour travailler avec les Saoudiens.

Plus largement, en matière d’industrie militaire, Riyad a de grandes ambitions, avec un plan d’investissement doté de plus de 20 milliards de dollars dans les dix ans à venir, l’objectif étant d’être en mesure de couvrir 50% des besoins des forces armées locale.

« Le gouvernement a mis en place un plan selon lequel nous investirons plus de 10 milliards de dollars dans l’industrie militaire en Arabie saoudite au cours de la prochaine décennie et des montants égaux en recherche et développement », a ainsi indiqué Ahmed bin Abdulaziz Al-Ohali, le gouverneur de l’Autorité générale des industries militaires [GAMI], selon Reuters.

De calibre 7,62×39 mm et de conception maintenant ancienne, le fusil AK-103 est a priori déjà utilisé par les forces spéciales saoudiennes.

Photo : Angad Singh

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