L’Otan va renforcer sa mission de formation en Irak, avec 3.500 militaires de plus

Fin 2019, le président américain, qui était alors Donald Trump, avait demandé à l’Otan de s’impliquer davantage au Moyen-Orient, notamment en renforçant sa mission de formation auprès des forces irakiennes, laquelle comptait alors environ 500 instructeurs.

Si les Européens « prennent une partie de la charge de travail de la coalition internationale, notamment l’entraînement, je pense que ce sera certainement une réponse à ce que le Président Trump à demandé », avait alors expliqué Kay Bailey Hutchison, l’ambassadrice des États-Unis auprès de l’Otan.

D’autant plus que les troupes américaines étaient de plus en plus indésirables à Bagdad après l’élimination du général Qassem Soleimani le chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution iranien et celle d’Abou Mehdi al-Mouhandis, le numéro deux du Hachd al-Chaabi, une alliance de milices chiites pro-Téhéran.

En février 2020, le gouvernement irakien donna son accord pour un renforcement de la mission de l’Otan auprès de ses troupes. Et la France, qui maintenait alors le détachement « Monsabert » en Irak à des fins de formation et d’entraînement, était partante.

« Une mission de l’Otan est présente en Irak, avec la même tâche [d’accompagnement des forces irakiennes, ndlr]. Je pense que cela fait partie des pistes sur lesquelles nous devrions être plus actifs encore », avait en effet affirmé Florence Parly, la ministre des Armées, quelques semaines plus tôt.

Seulement, la pandémie de covid-19 a boulerversé de tels plans, plusieurs pays ayant engagé des instructeurs dans le pilier « formation » de la coalition antijihadiste « Inherent Resolve » ayant décidé de se retirer jusqu’à « nouvel ordre », dont la France.

Pour autant, l’Irak est toujours aux prises avec l’État islamique [EI ou Daesh], qui a récemment revendiqué un double attentat suicide à Bagdad.

Selon un rapport des Nations, l’organisation jihadiste « maintient une présence largement clandestine en Irak et en Syrie et mène une insurrection soutenue de part et d’autre de la frontière
entre les deux pays. […] L’insurrection bénéficie d’un soutien limité dans certaines enclaves dont les habitants ont des griefs contre les autorités. Bien que la capacité des terroristes d’organiser des attaques dans les zones métropolitaines semble avoir baissé, ils conservent la capacité de se dissimuler dans les zones rurales et d’exploiter les failles sécuritaires tout le long de la frontière iraquo-syrienne et près du massif montagneux Hamrin, dans les provinces de Diyala, de Kirkouk et de Salaheddine. »

Dans le même temps, Washington a réduit à 2.500 militaires l’effectif de ses troupes en Irak. Ces dernières continuent par ailleurs d’être visées par des groupes armés, probablement affiliés à l’Iran. Ainsi, le 15 février, une attaque revendiquée par l’organisation « Awliyaa al-Dam [« les Gardiens du sang »] a été commise contre la base d’Erbil, avec des roquettes de 107 mm. Un sous-traitant travaillant pour les forces américaines a été tué.

Pour le moment, et alors que les États-Unis avaient riposté en bombardant des groupes pro-Téhéran après des attaques similaires contre des bases situées près de Kirkouk et de Bagdad [en décembre 2019 et en mars 2020, ndlr], Washington n’a pas réagi de la même manière après celle d’Erbil. Si ce n’est que le nouveau chef de la dimplomatie américaine, Antony Blinken, a signé un déclaration avec ses homologues britannique, français, allemand et italien pour affirmer que les « attaques contre le personnel et les installations des États-Unis et de la coalition ne seront pas tolérées. »

C’est donc dans ce contexte que, à l’issue d’une réunion avec les ministres de la Défense des États membres, le 18 février, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, a annoncé que la mission de l’Otan en Irak allait passer de 500 à 4.000 instructeurs.

« Aujourd’hui, nous avons décidé d’élargir la mission de formation de l’Otan en Irak afin de soutenir les forces irakiennes dans leur lutte contre le terrorisme et de garantir que l’EI ne reviendra pas. Note mission passera de 500 à environ 4.000 personnels de manière graduelle », a expliqué M. Stoltenberg.

« La mission sera renforcée dans les mois à venir et elle devra permettre aux Irakiens de stabiliser leur propre pays », a ajouté le secrétaire général de l’Otan. « Notre mission s’effectue à la demande du gouvernement irakien. Elle est menée dans le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Irak », a-t-il par ailleurs insisté.

Reste à trouver les 4.000 militaires qui prendront part à cette mission, actuellement commandée par le général danois Per Pugholm Olsen, sachant que seulement 300 sont effectivement déployés en Irak sur les 500 prévus.

Des marges de manoeuvre pourraient être trouvées si l’Otan met un terme à sa mission en Afghanistan à compter du 1er mai prochain, comme le prévoit l’accord conclu entre les États-Unis et le mouvement taleb afghan en février 2020.

En outre, il est possible que la France y participe via le détachement « Monsabert », soit une centaine d’instructeurs, comme il en était question il y a un an. En janvier dernier, Mme Parly avait d’ailleurs mis en garde contre une « forme de résurgence de Daesh en Syrie et en Irak. » Et d’ajouter : « Donc Daesh n’est pas éradiqué au Levant. C’est la raison pour laquelle nous y sommes toujours, à travers des actions de formation et notre chasse puisque nous sommes hébergés par les Jordaniens. »

Photo : © Otan –  TSgt Cody H. Ramirez, USAF

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