La Turquie envoie le navire militaire de recherche TCG Çeşme dans les environs de plusieurs îles grecques

Le 25 janvier, responsables turcs et grecs se sont réunis à Istanbul pour des « contacts exploratoires » afin de tenter de régler par la négociation les différents territoriaux qui opposent Ankara et Athènes en Méditerranée orientale.

« Régler tous les problèmes, y compris ceux en mer Égée, est possible et notre volonté pour y parvenir est entière. La paix et la stabilité régionales sont dans l’intérêt de tous », avait alors déclaré Ibrahim Kalin, le porte-parole de la présidence turque.

Durant les semaines précédentes, les relations entre la Grèce et la Turquie s’étaient détériorées après l’envoi de navires de recherche turcs pour y prospecter des gisements de gaz naturel dans les eaux revendiquées par Athènes et Nicosie, qui se référent à la convention dite de Montego Bay de 1982 qu’Ankara n’a pas signée.

Cela étant, après des sanctions prises à son égard par l’Union européenne – sanctions d’une portée limitée – et les vives critiques des États-Unis [« Nous exigeons que la Turquie cesse cette provocation délibérée et entame immédiatement des pourparlers préliminaires avec la Grèce », avait lancé le département d’État, en octobre], la Turquie avait fini par rappeler ses navires de recherche. D’où la réunon d’Istanbul, en janvier.

Seulement, l’accalmie aura été de courte durée… Alors que les ministres de la Défense des pays membres de l’Otan se réunissent à Bruxelles, ces 17 et 18 février, la Turquie a émis une notice maritime [NAVTEX] pour prévenir que le navire hydrographique TCG Çeşme allait effectuer une campagne de recherche dans les zones situées entre les îles grecques de Lemnos, de Skyros et d’Agios Efstrátios. Sa mission doit prendre fin le 2 mars prochain.

Contrairement aux navires précédemment utilisés, qui relevaient tous du ministère turc de l’Énergie et des Ressources naturelles, le TCG Çeşme est un bâtiment militaire, qui servit autrefois sous pavillon américain [ex-USNS Silas Bent]. Non armé, il est mis en oeuvre par un équipage de 42 marins et peut embarquer jusqu’à une trentaine de scientifiques.

« C’est une décision inutile qui ne contribue pas à une attitude positive », a commenté Christos Tarantilis, le porte-parole du gouvernement grec, ce 18 février.

« Ce qui est certain, c’est que le Navtex 0122/21 publié lundi par la station de Smyrne est illégal, car la partie turque n’a pas le pouvoir d’émettre une annonce […] pour des travaux hydrographiques dans la région. Malgré le fait que les coordonnées données par la station de Smyrne délimitent une vaste zone au centre de la mer Égée et dans les eaux internationales, la responsabilité exclusive de l’octroi de licences de recherche dans ce domaine appartient aux services grecs », explique le quotidien Proto Thema.

Par ailleurs, les îles grecques concernées par le NAVTEX turc sont situées à proximité du 25e méridien, qui, selon Ankara, devrait une ligne de partage de la mer Égée avec Athènes. En agissant ainsi, la Turquie « réitère indirectement qu’elle ne reconnaît pas le droit de la Grèce à une zone côtière de 12 milles autour des îles, comme le prévoit la Convention sur le droit de la mer », relève le journal grec.

La mission du TCG Çeşme vise sans doute également à tester les réactions de la nouvelle administration Biden. En outre, elle commence alors que le porte-avions Charles de Gaulle est attendu dans les prochains jours en Méditerranée orientale avec son escorte. Pour rappel, la France soutient la Grèce et la République de Chypre face aux revendications turques.

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