Le président turc s’emporte contre les États-Unis, qu’il accuse de « soutenir le terrorisme »

Le 14 février, la Turquie a accusé le Parti des travailleurs du Kurdistan [PKK] d’avoir assassiné treize de ses ressortissants – essentiellement des membres de forces de l’ordre qui avaient été enlevés – dans le nord de l’Irak. Les corps ont été retrouvés dans un grotte de la région de Gara, située au nord de Mossoul, lors d’une opération des forces turques.

« Chacune des victimes a été exécutée d’une balle peu après le lancement d’un assaut par les militaires turcs contre la grotte », a précisé Hulusi Akar, le ministre turc de la Défense, affirmant s’appuyer sur le témoignage de deux combattants du PKK faits prisonniers.

Par la suite, Ankara a procédé à l’arrestation de plus de 700 personnes pro-kurdes, notamment parmi les sympathisants du parti HDP, soupçonné par les autorités turques d’avoir des liens avec le PKK.

De son côté, la formation rebelle kurde a reconnu la mort d’un groupe de prisonniers mais démenti qu’ils aient été tués de sang-froid, affirmant qu’ils avaient été victime des « frappes aériennes turques ».

Dans cette affaire, la diplomatie américaine a joué la carte de la prudence. « Si les informations sur la mort de civils turcs aux mains du PKK, une organisation classée terroriste, se confirment, nous condamnons ces actions dans les termes les plus forts », a-t-elle en effet réagi.

Pour rappel, les milices kurdes syriennes [YPG] sont soutenus par les États-Unis car elles sont à la pointe du combat contre l’État islamique [EI ou Daesh]. Or, ces dernières sont considérées comme terroristes par les autorités turques, en raison de leur proximité avec le PKK. D’où un contentieux entre Ankara et Washington à leur sujet.

Quoi qu’il en soit, la réaction de la diplomatie américaine à la mort de ces 13 ressortissants turcs dans le nord de l’Irak a suscité la colère du président Recep Tayyip Erdogan.

« Les déclarations des États-Unis sont déplorables. Vous [les Américains] dites ne pas soutenir les terroristes mais vous êtes bel et bien à leur côtés », a en effet lancé M. Erdogan, lors d’un discours prononcé devant les militaires de l’AKP, le parti dont il est issu.

« Si nous sommes ensemble au sein de l’Otan et si vous voulez préserver l’unité de l’Otan, vous devez agir honnêtement. Vous ne pouvez pas vous ranger du côté des terroristes. Si vous voulez être d’un côté, soyez du nôtre », a ensuite enchaîné le président turc.

Dans le même temps, une source du ministère turc des Affaires étrangères a confié à la presse locale que le communiqué du département d’État américain laissait planer le doute sur la véracité des faits, tels qu’ils ont été rapportés par Ankara.

« L’ambassadeur américain [David] Satterfield a été convoqué au ministère ce jour et notre réaction au communiqué américain lui a été notifiée dans les termes les plus forts », a par ailleurs fait savoir la diplomatie turque.

Quoi qu’il en soit, la Turquie entend poursuivre ses opérations contre les positions occupées par le PKK dans le nord de l’Irak. « Aucun pays, [aucune] personne ou institution ne peut questionner désormais les opérations militaires de la Turquie [en Irak], après le massacre de Gara », a ainsi répété M. Erdogan, ce 15 février.

En attendant, la « sortie » de ce dernier a visiblement produit ses effets. Dans un entretien avec son homologue turc, Mevlüt Çavuşoğlu, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a « exprimé ses condoléances pour la mort d’otages turcs dans le nord de l’Irak et a affirmé que les terroristes du PKK étaient responsables », selon un communiqué du département d’État.

Lors de cet échange, M. Blinken a par ailleurs « souligné l’importance de la relation bilatérale entre les États-Unis et la Turquie » ainsi que leur « intérêt commun dans la lutte contre le terrorisme ». Selon le texte, les « deux parties se sont engagées à renforcer la coopération et le soutien à une résolution politique du conflit en Syrie. » Quant à l’affaire des systèmes russes de défense aérienne S-400, acquis par la Turquie, il a répété la position des États-Unis, appelant Ankara à ne pas les conserver.

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