L’effectif de la British Army pourrait passer de 82.000 à seulement 72.500 soldats

Alors que Londres doit prochainement publier les conclusions d’une revue stratégique de défense et de sécurité, les rumeurs vont bon train. Certaines sont visiblement lancées pour les réactions qu’elles peuvent susciter. D’autres, en revanche, paraissent plus sérieuses dans la mesure où elles s’inscrivent dans une suite de déclarations faites par plusieurs responsables britanniques.

Ainsi, en novembre 2020, alors qu’il venait d’annoncer une hausse des dépenses militaires de 24,1 milliards de livres sterling [soit 16,5 milliards de plus que prévu] pour les quatre prochaines années, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, avait laissé entendre que les effectifs des forces armées allaient sans doute diminuer, au profit de l’acquisition de nouveaux moyens capacitaires.

« Les dernière avancées [technologiques] multiplieront la puissance de combat de chaque navire, avion et unité d’infanterie et l’avantage ira aux nations les plus rapides et les plus agiles, pas nécessairement aux plus grandes. […] Nous devrons agir rapidement pour supprimer ou réduire les capacités moins pertinentes – et cela permettra à notre nouvel investissement de se concentrer sur les technologies qui révolutionneront la guerre, forgeant nos moyens militaires en un seul réseau conçu pour vaincre l’ennemi », avait explique M. Johnson.

En outre, les investissements annoncés profiteront surtout à la Royal Navy, au développement de l’avion de combat de 6e généraion « Tempest » et à l’innovation, notamment dans les domaines des véhicules autonomes et des drones en essaim.

Sur ce dernier point, le général Sir Nicholas Carter, le chef d’état-major de la défense britannique, avait auparavant estimé que la British Army pourrait compter « 120.000 soldats, dont 30.000 pourraient être des robots. » En clair, le recours à la robotique et autres systèmes autonomes permettrait de gagner de la masse, sans nécessairement augmenter les effectifs, voire en les diminuant.

C’est, en tout cas, l’intention prêtée à Ben Wallace, le ministre britannique de la Défense, à en croire la presse d’outre-Manche. Il serait question de réduire l’effectif de la British Army à seulement 72.500 soldats [en comparaison, la seule force opérationnelle terrestre – FOT – de l’armée de Terre française en compte 77.000].

Normalement, la British Army devrait compter 82.000 militaires. Quand ce plafond fut fixé, en 2011, les commentateurs firent remarquer que c’était le format qu’elle avait au moment de la guerre des Boers… Mais, depuis, jamais elle n’a réussi à l’atteindre, en raison de problèmes au niveau du recrutement [amplifiés, justement, par les annonces de déflation]. Selon les derniers chiffres, elle disposait de 80.760 membres.

« Nous examinons les menaces. Nous ne préparons pas une force armée pour combattre à nouveau dans le Helmand [province d’Afghanistan où la British Army a été engagée, ndlr]. Nous regardons où nous pourrions avoir à combattre demain, dans des guerres que nous n’avons pas [encore] rencontrées », a fait valoir une source du ministère britannique de la Défense [MoD] dans les colonnes du quotidien « The Telegraph« .

En outre, a-t-elle ajouté, il « n’y a aucun intérêt à avoir 82.000 soldats et ne pas avoir les bons drones, la bonne artillerie, la bonne couverture aérienne et les véhicules blindés. »

Cela étant, la déflation envisagée pour la British Army n’a pas manqué de susciter des réactions négatives. Comme celle de l’un de ses anciens chefs, le général Lord Richard Dannat.
« Pour y arriver, il faudra réduire les effectifs de l’infanterie, qui sont déjà plus petits que ce que beaucoup de gens pensent », a-t-il fait valoir.

Le président du comité spécial de la Défense à la Chambre des communes, Tobias Ellwood, a estimé qu’une telle déflation des effectifs serait « dévastatrice ». Ainsi, a-t-il fait valoir « si la pandémie [de covid-19] nous a appris quelque chose, c’est la nécessité d’avoir du soutien et de la résilience dans nos capacités. » Et d’ajouter : « Les forces armées sont déjà sollicitées pour remplir leurs obligations actuelles, qui ne feront que devenir plus complexes et plus exigeantes compte tenu des menaces croissantes qui se profilent. »

Mais pour faire passer la pilule, le MoD ressort des arguments déjà entendus par le passé. La British Army « continuera à disposer des effectifs et des capacités nécessaires pour protéger le Royaume-Uni. À mesure que la menace change, nos forces armées doivent évoluer. Suite au règlement financier record, elles sont en train d’être repensées pour faire face aux menaces future et non pour mener les guerres du passé », a commenté un porte-parole.

Pourtant, lors des opérations menées contre l’État islamique [EI ou Daesh] au Levant, il a fallu aux forces de la coalition mener une sorte de « combat de ligne », avec des tranchées aménagées par l’ennemi, ainsi que des combats urbains… Mais avec les drones, Internet et le brouillage du GPS en plus. En clair, la guerre de demain risque fort de ressembler à la guerre d’hier, mais avec des moyens différents.

Photo : British Army

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