Évacuation sanitaire inédite pour un chien militaire en Guyane

De par leurs qualités, les chiens militaires apportent souvent un appui précieux aux opérations, qu’il s’agisse de détecter des explosifs ou de maîtriser des combattants ennemis. Ainsi, le 132e Régiment d’Infanterie Cynophile [RIC] est engagé sur les théâtres d’opérations de l’armée de Terre.

La bravoure de ces chiens est régulièrement récompensée. Cette pratique remonte à l’époque du Ier Empire, quand le général Lannes distingua « Moustache », un chien de race « Barbet », pour sa conduite lors de la bataille d’Austerlitz. Sur la médaille qu’il reçut était gravée la mention « Moustache, chien français : qu’il soit partout respecté et chéri comme un brave. »

Aussi, quand l’un de ces chiens est blessé, tout est mis en oeuvre pour le sauver et le guérir. Tel est le cas de Nasky, dont l’histoire vient d’être contée par le Service de Santé des Armées [SSA].

Au sein des Forces armées en Guyane [FAG], le flair des chiens militaires est particulièrement utile pour trouver le carburant dissimulé par les orpailleurs clandestins [les « garimpeiros »] en forêt ou sur les sites illégaux d’orpaillage. Tel est ainsi le rôle qui a été assigné à Nasky.

Seulement, lors d’une patrouille menée dans le cadre de l’opération Harpie, ce chien a faussé compagnie à son maître. Durant une semaine, les militaires affectés à la base opérationnelle avancée [BOA] de Maripasoula remueront ciel et terre pour le retrouver. Sans succès, hélas.

Plus tard, cependant, la présence d’un chien ressemblant à Nasky est signalée dans un village situé près de Papaïchton, à une heure de pirogue de Maripasoula. Pris en charge par la gendarmerie locale, tout porte alors à croire qu’il s’agit bien de l’animal fugueur.

Un détachement de trois militaires, dont un maître-chien, est alors envoyé à Papaïchton pour le récupérer. Dans le même temps, le vétérinaire des FAG a préparé la première évacuation sanitaire [EVASAN] d’un chien en Guyane par avion en profitant d’une mission logistique que devait assurer un CN-235 Casa dans le secteur.

Après que son identité a été confirmée grâce à sa puce, Nasky est alors pris en charge par l’équipe médicale de l’infirmerie de la BOA de Maripasoula. Son séjour en forêt aura laissé des traces : déshydraté et fiévreux, l’animal a perdu 8 kg. En outre, il s’est gravement blessé à une patte arrière, où il présente une plaie de laquelle seront retirés pas moins de 200 asticots. Son pronostic vital est même réservé.

Le lendemain, arrivés par avion à Maripasoula, le vétérinaire et un maître-chien ont alors pris en charge Nasky afin de le mettre en condition avant son évacuation. « En moins d’une heure, le CASA décolle pour Cayenne. Le retour s’effectue sans dommage pour le chien qui, dans le confort du vol retour, parvient même à s’endormir », raconte le SSA.

Désormais, le pronostic vital de Nasky n’est plus réservé. Mais son état nécessite toujours une à deux visites médicales par jour, notamment pour soigner sa plaie à la patte arrière.

« Cette évacuation médicalisée d’un chien militaire, fait rarissime [une première au sein des FAG], a été rendue possible par l’implication de tous, à l’image d’une évacuation médicalisée humaine. En tant que chien militaire, Nasky a été considéré comme un combattant à part entière », conclut le SSA.

Photo : © DIASS FAG

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