L’armée de Terre songe à un « convoi autonome interopérable »

En 1997, aux États-Unis, un projet appelé « National Automated Highway System Consortium » [NAHSC] proposait de faire circuler des camions en convoi selon la technologie dite de « circulation de véhicules en peloton » [platooning].

Le principe, qui est toujours à l’étude actuellement, est simple : un camion de tête, avec un chauffeur à bord, ouvre la voie et guide ceux qui le suivent en leur transmettant toutes les informations utiles. Par exemple, s’il doit freiner devant un obstacle imprevu, les autres véhicules en sont automatiquement avertis pour qu’il s’arrêtent à leur tour. Une telle technologie permettrait de consommer moins de carburant [et d’émettre moins de CO2] tout en parcourant des distances plus importantes. Certains y voient l’avenir du transport routier. Mais sans doute pas pour les convois militaires, qui ont d’autres contraintes.

C’est ainsi tout l’enjeu du projet « Micro convoi au contact » [MC²], confié par l’entité de l’armée de Terre dédié à l’innovation [le « Battle Lab Terre »] à l’Institut de Transition Énergétique [ITE] VEDECOM, créé dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir [PIA]. Pour cela, ce dernier réuni Nexter Robotics, Arquus et CNIM afin de développer le concept d’un convoi « autonome de véhicules en mode multi-Follow Me » et d’en faire une démonstration.

La technologie dite « Follow Me » [« Suivez-Moi »] fait que chaque véhicule d’un convoi « s’attèle virtuellement et adapte de façon autonome sa trajectoire et sa vitesse », c’est à dire qu’il élabore sa propre trajectoire.

Ainsi, avec la « circulation de véhicules en peloton », si le véhicule de tête est immobilisé à cause d’une panne ou parce qu’il a été visé par un engin explosif improvisé [EEI ou IED], le convoi est immobilisé. Ce qui ne serait pas le cas avec la technologie évoquée par l’institut de recherche, le second véhicule devenant alors celui de tête.

Le projet MC² a ainsi fait l’objet de démonstrations à Satory, le 28 janvier dernier. Elles ont donc consisté à faire évoluer en convoi un blindé Sherpa Light [véhicule de tête], un Petit Véhicule Protégé [PVP] robotisé [appelé « Robot-LAB] et deux robots « mules », dont un Optio de Nexter Robotics et THeMIS, fourni par CNIM.

« Les trois véhicules suiveurs étaient équipés de briques technologiques dénommées ‘Follow Me’, permettant à chaque robot de suivre le véhicule devant lui, le ‘véhicule cible' », explique l’institut VEDECOM.

L’un des enjeux du projet était de faire évoluer ensemble des véhicules différents, donc aux performances « hétérogènes », le Sherpa Light pouvant rouler à 110 km/h tandis que la vitesse du PVP en version robotisée n’excède pas les 20 km/h. Même chose, d’ailleurs, pour les deux robots MULE.

« Cet évènement marque la première étape en France du développement de convois autonomes nteropérables répondant aux exigences militaires et capables d’opérer en milieu déstructuré », souligne VEDECOM. Et il ouvre la voie aux convois logistiques autonomes ou aux « convois polyvalents autonomes du dernier kilomètre. »

Une telle capacité a déjà été testée aux États-Unis en 2014, dans le cadre du projet « Army and Marine Corps’ Autonomous Mobility Appliqué System », conduit par le TARDEC [U.S. Army Tank-Automotive Research, Development and Engineering Center]. Il s’agissait alors de doter des camion M915 d’un kit, comprenant des logiciels, d’un capteur de télémétrie LIDAR et d’un récepteur GPS, afin qu’ils puissent rouler sans conducteur. Mis en situation réelle, les poids-lourds avaient « franchi avec succès tous les obstacles qu’un convoi peut rencontrer. »

Photo : ITE VEDECOM

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