Inde : Safran anticipe une possible commande d’un second lot de Rafale en signant un accord avec HAL
Selon le ministre indien de la Défense, Rajnath Singh, l’Indian Air Force [IAF] devrait disposer des 36 avions Rafale commandés en 2015 d’ici avril 2022. Jusqu’à présent, 11 exemplaires lui ont été livrés et six autres le seront en mars. Après, que décidera New Delhi pour renforcer son aviation de combat, dans un contexte marqué par des tensions avec Islamabad et Pékin?
Pour le moment, la commande de 83 avions de combat LCA Tejas auprès de Hindustan Aeronautics Limited [HAL] a été confirmée. Mais on est encore loin des 450 nouveaux appareils que doit se procurer l’IAF dans les années à venir.
Au total, et si l’on tient compte des 36 Rafale en cours de livraison, l’IAF a l’intention de mettre en oeuvre 200 LCA Tejas, 114 avions issus du programme MRFA [multi-role fighter aircraft] et 100 exemplaires du futur Advance Medium Combat Aircraft [AMCA], un chasseur-bombardier de 5e génération développé par HAL et pour lequel il est question de mettre au point un puissant moteur d’une poussée de 110 kN.
L’un des scénarios régulièrement avancé mise sur la commande d’un second lot de Rafale. Va-t-il se concrétiser, alors que l’avion de Dassault Aviation est en lice dans le programme MRFA, par ailleurs convoité par Lockheed-Martin [F-21], Boeing [F/A-18 Super Hornet ou F-15EX] le consortium Eurofighter ou encore Saab [Gripen E/F]?
En tout cas, le motoriste français Safran Aircraft Engines se prépare à une telle éventualité. Le 5 février, il a annoncé avoir signé un protocole d’entente [Memorandum of Understanding – MoU] avec HAL afin d’établir une coopération dans le domaine de la propulsion aéronautique militaire. Deux projet sont sur le table : le premier concerne le réacteur M88 du Rafale dans le cas où New Delhi en commanderait un second lot [ou le retiendrait dans le cadre du programme MRFA] , le second porte a priori sur le futur moteur de l’AMCA.
« Selon les termes du MoU, HAL et Safran Aircraft Engines ont l’intention d’explorer les opportunités d’assemblage du moteur Safran M88 et de fabriquer des composants du moteur avec HAL pour un lot supplémentaire d’avions Rafale pour l’Inde, ainsi que tout avion équipé de M88 fabriqué en Inde par HAL », explique en effet l’industriel français, qui parle d’un « transfert d’une quantité significative de technologies. »
En outre, poursuit le communiqué, ce protocole d’entente « couvre également un partenariat entre HAL et Safran Aircraft Engines pour des programmes locaux relatifs à la conception et au développement de moteurs à forte poussée de 110 kN, avec en plus du transfert de technologies-clé dans le cadre de ce développement. » On comprend donc qu’il est question des réacteurs destinés à l’AMCA.
« Nous sommes impatients de développer notre partenariat avec HAL, en explorant des opportunités dans des domaines stratégiques. Nous restons déterminés à soutenir la politique ‘Make in India’ par des investissements majeurs, des synergies industrielles et la création d’emplois hautement qualifiés », a commenté Jean-Paul Alary, le Pdg de Safran Aircraft Engines.
De son côté, le patron de HAL, MR Madhavan, a expliqué que son groupe et Safran « souhaitent explorer les opportunités de coopération commerciale stratégique qui tirent parti des talents et des capacités complémentaires des parties et soutiennent le développement d’un écosystème robuste pour les moteurs d’avion en Inde, conformément aux objectifs du programme ‘Make in India’ du gouvernement indien. »
Dans son communqué, Safran Aircraft Engines insiste sur l’importance de ce protocole, dans la mesure où il permettra à l’Inde « d’accéder à des technologies de niche très complexes et maîtrisées par très peu de pays dans le monde et de renforcer ses capacités dans la conception et le développement de moteurs à forte poussée. » Surtout au regard des besoins indiens futurs en matière d’aviation de combat.
Photo : Par Georges Seguin (Okki) — Travail personnel, CC BY-SA 3.0,
