Clemenceau 21 : La présence d’un sous-marin d’attaque auprès du porte-avions Charles de Gaulle ne sera que « ponctuelle »

Dans son dernier compte-rendu des opérations, l’État-major des armées [EMA] a donné de la détail de la mission « Clemenceau 21 », c’est à dire du prochain déploiement du groupe aéronaval constitué autours du porte-avions « Charles de Gaulle » [TF-473].

En marge de la cérémonie commémorant l’armistice du 11 novembre, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, avait livré au président Macron une ébauche de ce qu’allait être la prochaine mission du groupe aéronaval [GAN]. Puis lors d’une audition parlementaire, en janvier, la ministre des Armées, Florence Parly, a confirmé les orientations données quelques semaines plus tôt.

Ainsi, la mission « Clemenceau 21 » débutera entre les 15 et 21 février. Le porte-avions « Charles de Gaulle » sera accompagné de la frégate de défense aérienne [FDA] « Chevalier Paul », de la frégate multimissions [FREMM] « Provence » et du Bâtiment de commandement et de ravitaillement [BCR] Var.

Curieusement, l’EMA indique que le GAN, placé sous le commandement du contre-amiral Marc Aussedat, sera « ponctuellement renforcé par d’autres moyens militaires français », dont un sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] de type Rubis, mais également par un avion de patrouille maritime Atlantique 2. »

Si, effectivement, l’apport d’un Atlantique 2, qui a des capacités anti-sous-marines performantes, ne peut être que ponctuel, on aurait pu s’attendre à ce que celui d’un sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] de type Rubis soit permanent, d’autant plus que le groupe aéronaval ne manquera pas de susciter l’intérêt de sous-marins russes ou chinois, comme cela s’est déjà produit par le passé. À moins que cette capacité soit fournie justement par un ATL2 [du moins, tant qu’il est en vol] ou par une marine alliée… mais, en la matière, la discrétion est [presque] toujours de mise.

Pour rappel, sur les six SNA dont dispose la Marine nationale, La Perle est à Cherbourg pour y être réparée, L’Émeraude termine une mission dans la région Asie-Pacifique et le Rubis est immobilisé en vue de sa prolongation. Quant au dernier arrivé, le Suffren, il n’est pas encore entré en service.

Cela étant, des navire étrangers intégreront le groupe aéronaval ou participeront à des exercices avec ce dernier. L’EMA cite notamment les frégates Hydra [Grèce] et Leopold 1er [Belgique] ainsi que le contre-torpilleur américain USS Porter.

Quant à la mission Clemenceau 21, elle visera à confirmer que la France est une « puissance d’équilibre » restant « engagée pour défendre des zones à risques », ainsi que ses intérêts et ceux des Européens dans le monde.

« Le déploiement opérationnel du groupe aéronaval constitué se fera successivement en Méditerranée centrale et orientale puis au nord de l’océan Indien ainsi que dans le golfe arabo-persique. Le renouvellement de l’engagement de la France dans ces zones d’intérêts stratégiques illustre la volonté de défendre les intérêts français, et plus largement européen », indique en effet l’EMA.

Ainsi, le GAN contribuera à l’opération Inherent Resolve, c’est à dire à la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis. Il n’est pas exclu qu’il soit rejoint par le porte-avions britannique HMS Queen Elizabeth quand il se trouvera dans le golfe Persique, où les États-Unis ne disposent plus actuellement de groupe aéronaval, l’USS Nimitz ayant quitté la zone, après un déploiement de plus de 240 jours.

« Nous nous réjouissons que, l’année prochaine et pour la première fois, le Queen Elizabeth puisse coopérer avec le ‘Charles de Gaulle’, et restons déterminés à atteindre dans ce domaine un niveau inédit de soutien et d’engagement mutuel dans les années à venir », avaient affirmé Mme Parly et son homologue britannique, Ben Wallace, dans une déclaration saluant le dixième anniversaire des accords de Lancaster House, en novembre dernier.

Quant à la présence du GAN en Méditerranée, elle visera à renforcer, là aussi, l’opération Inherent Resolve, via l’opération Chammal. Mais pas seulement.

« Nous avons constaté en 2020, qu’elle [la Méditerranée, ndlr] était devenue le théâtre de nombreuses tensions, rivalités, de convoitises, devrais-je même dire. Par ses actions nationales comme à travers l’opération IRINI, conduite par l’Union européenne, la France défend le respect du droit international, la France défend le principe de libre navigation face à des acteurs qui n’hésitent pas à les remettre en cause. Avec nos partenaires, nous redoublerons d’attention dans cette zone en 2021 », avait expliqué Mme Parly aux parlementaires, en janvier.

Photo : Marine nationale

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