Norvège : L’ex-base navale sous-marine d’Olavsvern ne sera plus utilisée par des navires russes

Alors que, déjà, il était prédit que, sous l’effet du changement climatique, l’Arctique allait devenir stratégique en raison de la potentielle exploitation de ses ressources naturelles [gaz, pétrole, etc] et l’ouverture de nouvelles routes maritimes, le gouvernement norvégien, alors conduit par Jens Stoltenberg, l’actuel secrétaire général de l’Otan, ne trouva rien de mieux à faire que de fermer la seule base sous-marine d’Olavsvern, la seule que possèdait la marine norvégienne dans le Grand Nord.

Construite à flanc de montagne pour au moins 500 millions d’euros, cette base navale avait pourtant une importance stratégique non seulement pour les forces norvégiennes mais aussi pour celles de l’Otan, notamment au temps de la Guerre Froide.

La décision de la fermer aurait pu à la rigueur se comprendre si la Norvège avait décidé de se séparer de ses sous-marins. Or, il n’en fut jamais question. Et d’ailleurs, la Marine royale norvégienne attend quatre nouveaux sous-marins U212 NG que doit lui fournir l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems [TKMS].

Mais le gouvernement norvégien fit mieux que ça : après l’avoir fermée, il céda la base d’Olavsvern pour une bouchée de pain [40 millions de couronnes norvégiennes seulement] à des investisseurs privés. Cela étant, l’Otan, qui avait financé une grande partie des travaux qui y furent réalisés, ne trouva rien y redire.

Seulement, les nouveaux propriétaires donnèrent l’accès à cette base à des navires de recherche russes susceptibles de collecter des données à des fins militaires… Ce qui ne manqua pas de faire naître une polémique, en 2015.

« On a vendu la seule base digne de ce nom qu’on avait là-haut. C’est de la pure folie », s’était insurgé l’ex-vice-amiral Einar Skorgen, à l’époque. « Nous sommes les seuls avec la Russie à opérer en permanence en mer de Barents, où nous avons une frontière commune. Il est évident que notre Marine doit y être stationnée, y compris nos sous-marin. […] Si les bateaux ne sont pas là où on en a besoin, autant les mettre au rancart », s’était-il emporté.

Il aura fallu du temps à Oslo pour rectifier le tir. En septembre 2019, il fut annoncé que la société WilNor Governmental Services [WGS], une filiale du groupe Wilhelmsen, qui se décrit comme un « partenaire logistique clé des forces armées norvégiennes et des forces alliées de l’Otan », allait acquérir la base d’Olavsvern. Et cette opération s’est récemment concrétisée, selon un communiqué qu’elle a publié au début de ce mois.

« Olavsvern est un atout fantastique pour WGS dans la région arctique qui, située non loin de la ville de Tromsø, va complèter notre chaîne de bases d’approvisionnement le long de la côte norvégienne, laquelle est utilisée quotidiennement pour la préparation et les opérations militaires. Notre intention est de rénover progressivement les infrastructures […] à des fins militaires. Cependant, dans un avenir proche, l’activité civile à y coexistera avec l’usage militaire », a ainsi expliqué Vidar Hole, le Pdg de l’entreprise.

Le groupe Wilhelmsen « considère que la capacité de soutenir et de renforcer la capacité militaire des forces armées fait naturellement partie du concept de ‘défense totale’ de la Norvège et de sa responsabilité sociale », a fait valoir M. Hole.

Les plans de l’état-major norvégien pour la base d’Olavsvern n’ont pas encore été précisés. En attendant, WGS a signé un contrat avec la défense néerlandaise pour y accueillir les manoeuvres des commandos de marine. Et il est question que les sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] américains y fassent relâche.

Quoi qu’il en soit, et comme l’a confié un responsable militaire norvégien à RFI, « les Russes à Olavsvern, c’est fini! »

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